- Départ du Théâtre de la Cité internationale (14ème) : Voyage en camion bulgare (20h - 15/12 €)
? : Travaillant sur le réel mêlé à la fiction, Stefan Kaegi (Rimini Protokoll) intègre dans ses spectacles des spécialistes des thèmes traités. Son art certain du décalage remet paradoxalement les pendules à l’heure. Ainsi, l’un de ses projets voyageurs, Call Cutta, téléguide justement depuis Calcutta par téléphone portable et en direct des « spectateurs » à travers une ville d’Europe. Théâtre documentaire, politique et humain, Cargo Sofi a-Paris retrace à travers banlieues et zones de transit parisiennes la route depuis la Bulgarie, commentée par deux vrais chauffeurs de camions. À travers la vitre qui remplace une paroi du semi-remorque accueillant les spectateurs, le voyage révèle le théâtre du monde d’aujourd’hui, étranglé par l’économisme et la « libre » circulation des biens. Car, que signifie « mobilité » dans un espace qui s’amenuise, se neutralise, se déshumanise, se théâtralise en fin de compte ? Et si cet espace était aussi mental ? Dans Cargo Sofi a-Paris, la manipulation sert à ouvrir les yeux – et les œillères qui vont avec.
Le point d'arrivée est différent de celui de départ.
- Arènes de Montmartre : Spectacle du Manu Katche Quintet (21h - 20/15 €)
? : Cette soirée sous les étoiles, nichée dans le décor intemporel, presque secret des jardins de la Butte, permet de redécouvrir la musique de Manu Katché, l'une des grandes pointures internationales du jazz français depuis plus de 20 ans. Après avoir été courtisé par la pop internationale et collaboré avec Sting, Peter Gabriel, ... il renoue aujourd'hui avec la planète bleue.Entouré de musiciens très talentueux, éclectique et exigeant, Manu Katché crée une musique qui revisite les racines du jazz tout en la colorant de sons et rythmes actuels. Plus d'infos sur les Arènes du Jazz
Croisement rue Chappe / rue Saint-Eleuthère - 75018 Paris
- Palais Royal : Spectacle de danse de Trisha BROWN « Present Tense » (22h - 15/12 €)
? : New York, années 1960, « utopie » n’est pas un gros mot. Dans la brèche ouverte par le tandem Cage/Cunningham, Trisha Brown pulvérise avec une poignée de ses contemporains la conception d’une danse où littérature, théâtre et relation avec la musique sont évacués. Pionnière devenue institution, elle ne cesse jamais d’expérimenter. Après avoir dansé sur les toits, les étangs, les arbres et les façades, elle investit les théâtres, où elle fait vivre le hors-cadre, dans le silence. Puis, dans l’ordre, elle se lance dans 1 / le son – la musique indépendante reste simple compagne ; 2 / la musique – dont elle recherche et occupe les « espaces inutilisés » ; enfin 3 / une drôle d’émotion subliminale. Elle dessine aussi et son œuvre, terrienne et cosmique à la fois, exprime graphiquement ce que sa trajectoire a d’intuitif, tout comme des leitmotivs se font signe d’une chorégraphie à l’autre. Ainsi, dans Foray Forêt, une fanfare voyage, invisible, et ses flonflons tissent avec la danse une texture étrangement sensuelle.
Dans Canto/Pianto, quintessence de sa mise en scène de l’opéra Orfeo de Monteverdi, Trisha Brown poursuit un passage de relais épuré entre danse et musique. Avec Present Tense, elle revient aux suspenses du déséquilibre en dialoguant avec une musique imprévisible, si sereine – malgré les capitales du titre. Et toujours l’humour. Dans une « chorégraphie » de 1969, Skymap [carte du ciel], elle proposait au public allongé dans l’obscurité d’imaginer une danse au plafond, en écoutant sa voix enregistrée qui énonçait lieux, souvenirs d’enfance, considérations personnelles. Quelle que soit la forme abordée – chorégraphie, mise en scène d’opéra ou dessin –, Trisha Brown est un mélange rare de méthode et de poésie. Son travail renvoie à l’invisible. Elle permet donc un autre regard aux spectateurs. Et une autre présence ? Oui, au présent et au plus près d’un langage primordial de la danse par retour à leur propre corps. Mieux que libre comme l’air, libre comme une utopie.
Palais Royal - Cours d'Orléans - 75001 Paris