Disponible sur Netflix depuis le 16 octobre dernier, Les Sept de Chicago (The Trial of the Chicago 7 en VO) revient sur l’affaire et le procès des « Chicago Seven » à la fin des années 1960. Pour rappel, les « Chicago Seven » désignent sept accusés catapultés sur les bancs du tribunal de Chicago après avoir pris part à une manifestation réprimée par la police locale quelques mois auparavant. Issus de milieux totalement différents, ils souhaitaient – par cette démarche – protester contre la Guerre du Vietnam et la politique du Président de l’époque, mais le rassemblement pacifiste a malheureusement dégénéré.
Écrit et réalisé par Aaron Sorkin, qui repasse pour l’occasion derrière la caméra trois ans après Le Grand Jeu, le film dispose de sérieux atouts pour s’installer parmi les meilleures réalisations de l’année. A commencer par son écriture efficace qui offre à cette histoire vieille de plus de 40 ans une résonance contemporaine assez incroyable. Au regard des nombreuses répressions policières qui ont secoué les États-Unis (mais aussi plusieurs pays d’Europe) ces derniers mois, on peut en effet légitimement se demander si les choses ont vraiment évolué depuis lors. Outre son contexte étrangement d’actualité, le récit puise également sa force dans ses personnages, tous plus intéressants les uns que les autres dans l’optique de construire un propos équilibré et nuancé. Bien aidés par des dialogues savoureux dont Sorkin a définitivement le secret, l’ensemble du casting livre, à ce titre, une performance assez remarquable. Si Mark Rylance, Eddie Redmayne et Sacha Baron Cohen tirent particulièrement leur épingle du jeu, il est néanmoins bien difficile d’occulter les prestations extrêmement convaincantes de Frank Langella, Joseph Gordon-Levitt, Jeremy Strong, Yahya Abdul-Mateen II ou encore Michael Keaton.
A cette écriture intense et ces interprétations habitées, le célèbre scénariste ajoute également un montage rythmé qui accompagne efficacement le script. Si certains pourront reprocher à ce dernier d’aller trop vite, à l’image par exemple de la rapide introduction, ou de sans cesse revenir en arrière, par le biais notamment de multiples flashbacks, le découpage narratif s’avère toutefois d’une grande maîtrise. La rapidité de l’introduction permet effectivement de poser immédiatement le contexte de l’histoire, alors que les nombreux flashbacks (ou flashforwards même) ont pour effet d’apporter du relief aux échanges verbaux du tribunal. Ce qui donne lieu à des séquences relativement intenses et souvent riches en émotion. Pour autant, malgré l’apparente lourdeur des thématiques, l’œuvre ne perd jamais en intérêt. Mieux, elle se savoure même sans le moindre temps mort. Il faut dire que le suspense est parfaitement ménagé pendant plus de 2 heures et que le récit regorge de situations humoristiques permettant de désamorcer les sujets les plus graves. Enfin, bien que plus maîtrisée que dans son premier film, la mise en scène de Sorkin demeure à nouveau un peu trop classique que pour véritablement transcender le propos.
Passionnant de bout en bout, Les Sept de Chicago est donc un drame historique d’excellente facture, aussi important que nécessaire. A travers le procès spectaculaire de ces sept accusés, Aaron Sorkin ne nous donne pas seulement à voir les rouages d’un système dont les plus puissants semblent tirer les ficelles, il met aussi en lumière la noblesse d’un combat étrangement d’actualité. Puissant !