Historiquement, à travers son catalogue générique de « cloud computing », Google représente un fournisseur sérieux mais relativement marginal de l'industrie financière mondiale. Sa stratégie semble cependant évoluer, depuis quelques mois, et s'orienter vers une véritable volonté de pénétrer le marché, grâce à une démarche ciblée. La crise sanitaire lui avait ainsi déjà procuré l'occasion, au printemps dernier, de proposer une plate-forme en ligne complète de distribution des prêts garantis par l'état américain.
Par nature, ses outils d'intelligence artificielle se prêtent particulièrement bien à ce genre de mise en œuvre dédiée, pour un cas d'usage ou un domaine d'activité prédéterminé. L'accélération actuelle de la demande des clients finaux pour des processus totalement dématérialisés, accessibles sans nécessiter de déplacement dans une agence (ou d'envoi postal), donne une impulsion spécifique aux fonctions d'analyse automatique et d'extraction de données structurées de son offre Document AI.
Si la présentation commerciale de cette dernière met en scène son utilisation pour le traitement de dossier dans une compagnie d'assurance santé, c'est pour un autre univers que le géant du web a choisi de concevoir sa première adaptation métier : le crédit hypothécaire, lui aussi lourdement encombré de justificatifs à transmettre, à valider et à décortiquer. Enrichi d'une connaissance des modèles de documents en vigueur, Lending DocAI promet de prendre en charge toutes ces tâches, sans intervention humaine.
Capable de capter les données brutes qualifiées des images qui lui sont soumises – qu'il s'agisse de formulaires PDF, de photographies, d'imprimés numérisés… –, le moteur intelligent permet d'accélérer considérablement les traitements tout en garantissant un niveau de fiabilité supérieur, et ce sans négliger les exigences réglementaires, notamment en ce qui concerne la confidentialité des informations (jamais consultées par un employé et sécurisées par l'intermédiaire de clés exclusivement détenues par le client).
Jusqu'à maintenant un peu coincé, par manque de différenciation concurrentielle, entre les alliés traditionnels que sont Microsoft (s'appuyant sur sa domination dans la bureautique et les outils collaboratifs) et IBM (encore souvent incontournable dans les infrastructures), voire Amazon, qui possède une certaine avance sur le « cloud », Google cherche visiblement à reprendre l'avantage avec une approche originale de « services métier » prêts à l'emploi qui devraient aider les institutions financières à combler rapidement des lacunes de leurs systèmes d'information, processus par processus.