Dans un entretien avec Sophie Barthélémy, de Mémoire d’encrier, sur la page Facebook du Centre culturel Canadien, le 22 octobre 2020, Joséphine Bacon précise sur quel territoire vivaient les Innus, au bord du Saint Laurent. Elle raconte la vie des Innus, l’organisation sociale, la chasse au caribou mais aussi la chasse au petit gibier, le travail des peaux et les récits des anciens. Tout est sujet de récit. Enfant, elle est mise en pension, comme les colonisateurs l’ont organisé pour apprendre aux enfants le français et, de fait, les éloigner de leur langue et de leur culture. C’est après l’âge de 18 ans que Joséphine va devenir secrétaire pour le Bureau des Affaires Indiennes, et qu’elle va se mettre à traduire et à découvrir que la langue évolue : quand on est devant l’horizon, on ne parle pas comme quand on est devant des murs, l’Innu-Aimun ne se prononce plus de la même manière, certains mots prennent un autre sens, jusqu’à confondre l’animé et l’inanimé. Alors, Joséphine Bacon va enseigner la langue de son peuple, elle qui n’est pas « errante dans la ville mais nomade dans la toundra ». Et, enseignant la langue, elle va retrouver la culture de ses ancêtres, chaque mot initiant un récit, et le respect de la terre, cette terre qui, aujourd’hui, nous met en garde et nous envoie, avec la pandémie, un message auquel nous ferions bien d’être vraiment attentifs.