L'absolu suffit

Publié le 23 octobre 2020 par Anargala

Les pratiques n'ont pas pour but de nous mener là où nous n'aurons plus besoin de pratiquer.

Les pratiques ont pour but de nous faire réaliser qu'elles ne servent à rien.

Pour autant, cette réalisation n'est pas la fin de toute pratique.

Il existe deux sortes de pratiques :

- la pratique conditionnelle : "si je veux veux x, alors je pratique y". C'est du business, un truc animal, c'est du "développement personnel", du bien-être, de la thérapie, etc. "Ca me parle", "ça résonne", "mon ressenti", "ah j'ai vécu un de ces trucs !", "ah c'est fou, super puissant ! ", "en conscience", "j'ai conscientisé", bla bla bla. En général, on devient entrepreneur, commerçant, thérapeute, coach, "influence.e.u.s.e.s", "engagé dans le coeur", "éco-responsable", "facilitateur", "médiateur", "éveilleur", toutes ces âneries immondes.

- la pratique absolue : "je pratique". C'est comme l'amour pur, désintéressé. C'est la rencontre de l'absolu, l'unique nécessaire. C'est comme l'espace qui embrasse tout. Comme tomber amoureux. Même si l'amant semble doté de tel ou tel défaut, l'amour suffit. Mais ici, c'est absolu, infini, inépuisable, inconditionnel. On ne peut rien demander, chercher, attendre, car on pressent que tout est déjà donné. On devient rien, on devient tout, mais le commerce n'est pas de la fête, non. C'est un autre monde, inconcevable pour ceux de la pratique conditionnelle et des salons zen. 

Juste une rencontre, une conversion qui ouvre sur une conversation. On dit vague. Comme l'espace qui contient tout.

Dès lors, rien n'est prescrit, rien n'est interdit. Le livre des éblouissements muets s'ouvre en grand.

La méditation, la pleine conscience, la vigilance ne servent à rien. 

Quand le cœur aime, cela suffit. 

Pas de philosophie obligée, mais un questionnement, une ouverture au dialogue. A tout. mais rien de commun avec le greenwashing, ni avec la "bienveillance" criminelle, ni avec la bien-pensance poltronne.

Pas d'autre pratique, juste l'admiration. L'émerveillement, l'étonnement. Pas de spiritualité, encore moins d'occulte.

C'est l'absolu, donc c'est absolu. Rien d'autre. Une exclusivité qui inclut tout.

Pas besoin de contrôler, de surveiller, de réaliser, de noter, de "conscientiser", de mentaliser, de ressentir, d'exprimer, de libérer, de s'éveiller, de lâcher. Détente absolue dans l'absolu : l'absolu par l'absolu, simple. 

Juste se laisser aller dans une douce intuition que tout est bien, car l'absolu m'a trouvé. La vague est dans la mer. Tout est accompli. Rien d'autre. Une fois qu'on a sauté, plus besoin de gigoter, ni de se tenir immobile. Juste un effroyable émerveillement. C'est pas un truc de magazine de yoga, ni de "méthode machin". C'est l'absolu, donc c'est absolu.

Laisser les pensées, tout, venir, aller. Pas de distance, encore moins d'unité. Pas de sans-ego ni de tout-à-l'ego. Aucune posture, tout se fait se défait comme ça. L'absolu suffit. Et la parole nourrit ainsi. Parole inclassable, mi silence, mi murmure, mi n'importe quoi. Imprévisible. Je n'en sais rien, mais je n'en fais pas une religion, ni un slogan. Rien à vendre, pas de plan de carrière, évidemment, ça va de soi. L'absolu est absolu. Rien d'autre. 

Aucune règle, pas de loi. Rien. Sans mémoire, mais rien de commun avec l'amnésie consumériste. La Culture peut enfin revivre. Ce tronc fait de vide est l'antithèse du vide culturel, l'opposé des "espaces culturels", "bien-être" et autres dépotoirs. La Nature est là. Cri muet. C'est l'absolu, donc c'est absolu. Rien d'autre, tout le meilleur.