Les cigarettes de l'impératrice Elisabeth

Publié le 21 octobre 2020 par Luc-Henri Roger @munichandco
    
    Sissi fumait comme une cheminée, c'est ce que nous apprend l'Indépendant des Basses-Pyrénées du  28 juillet 1891 dans un article intitulé "Les femmes qui fument" dont voici l'extrait concernant l'impératrice :
    Car les femmes du monde fument à qui mieux mieux, et l’exemple leur vient de haut. Jugez-en plutôt : l'impératrice Elisabeth d'Autriche fume trente à quarante cigarettes turques ou russes chaque jour et, depuis de nombreuses années, elle a l'habitude de tirer quelques bouffées d’un énorme cigare italien de grossière fabrique, après son dîner, tout en savourant sa tasse de café maure. Sur sa table à écrire, on voit toujours une boite en argent, d'un beau travail de repoussé ; elle est remplie de cigarettes ; à côté, un porte-allumettes en jade et un large cendrier en or. S. M. Apostolique allume, presque machinalement, cigarette après cigarette, surtout lorsqu'elle se trouve au château de Gödöllö, dont elle affectionne la bibliothèque, avec ses beaux panneaux de chêne sculpté, ses tapisseries des Gobelins et ses trophées de chaise. Qui peut examiner à loisir la main frêle et blanche do l'impératrice, y découvre, au pouce et à l'index, la faible tache jaune qui dénonce la fumeuse de cigarettes.    L'article est repris, sans citation de source (il n'y a pas de petit profit !) et dans un autre contexte par le Voleur illustré du 23 août 1894 et par le journal hebdomadaire illustré parisien La Joie de la maison du 30 août 1894.    Le Courrier de Saône-et-Loire avait lui aussi repris l'info le 8 mai1892, ajoutant que les sœurs de Sissi, l'ex-reine de Naples et la duchesse d'Alençon, fumaient également. L'article du Courrier est très british puisqu'il est intitulé " Cigarettes all right! "
    Je lis par ailleurs que la mère Esterhazy, une comtesse rapporteuse qui lui avait été imposée comme première dame d’honneur et maîtresse de chambre, avait constaté que la jeune impératrice fumait, et ne manqua pas d'aller cafarder chez la belle-mère de Sissi, la mère de l'empereur François-Joseph. Et de raconter que, doux Jésus ! Sissi faisait de plus venir ses cigares de l'étranger ! La chaîne de la médisance continua, l'archiduchesse se serait aussitôt rendue chez son empereur de fils pour dénoncer le vice de sa belle-fille. Une femme qui fume, quelle honte ! Mais une impératrice ! En plus elle fume à table, non mais ! Le médecin de la cour, le Dr Seeburger, ajouta qu'une femme ne pouvait remplir ses devoirs maternels si elle fumait, ce qui dût mettre l'archiduchesse Sophie aux anges...    François-Joseph en aurait parlé à Sissi, lui signalant peut-être que seules les actrices et les demi-mondaines fumaient, mais l'impératrice continua de se faire plaisir.
    La nicotine, on le sait, est une drogue dure dont il est fort difficile de se libérer. Mais ce n'était pas la seule qu'appréciait l'impératrice qui faisait aussi usage de cocaïne, une substance qu'à la fin du 19ème siècle on considérait comme sédatif et anti-dépresseur, et qui fut longtemps en vente libre. Je lis que Sissi ne se déplaçait jamais sans sa trousse à cocaïne, ... à vérifier. (Il semble que la dite trousse soit visible au musée de Vienne).     Ceci dit, le petit cousin de Sissi, le roi Louis II de Bavière, fumait lui aussi. Voir notre article.