AUTRE
Longtemps j’ai aimé le mot maintenant, je murmurais sa
minuscule chanson en moi-même, enfant, lorsque j’étais seule. Maintenant, maintenant, maintenant,
maintenant, chantais-je, ne sachant trop où nous étions. À peine m’en étais-je aperçue,
qu’il produisait sa mélodie liquide et que le temps, miroitant, commençait à s’écouler,
presque inaudible, avec les criquets si c’était l’été, avec l’horloge dans la pénombre
si c’était à la cuisine, avec le tapotement des branches du lilas hivernant sur les murs
ombrés de violet
qui enserraient le jardin,
si c’était le vent. Où étions-nous, en fait ? Écoute, écoute, maintenant avaient coutume de dire
les adultes pour dire de faire attention, dire que ce qui arrivait, la chose importante, avait ses
côtés glissants : un écoute peut avoir sa pente, un autre écoute une
autre. La chose elle-même, l’essentiel, est entre les deux. Ne cille pas. Ne la
manque pas. Fais attention. C’est une balle.
Toutes ces années, avant de me perdre, je vivais une vie différente.
Une vie où l’on peut revenir en arrière. Je pensais que chaque nouveau
maintenant, chaque
nouvelle note, cueillie parmi ce qui n’était pas l’inexprimé, recouvrait un pas
du Dieu qui se retirait.
Pour lire la suite, cliquer sur ce lien.
L’ensemble des poèmes est en effet proposé au format PDF, plus facile à imprimer ou enregistrer.
On peut lire aussi ces notes de Jorie Graham à propos de deux des poèmes ici traduits.