Dans mes mémoires « Mes drôles de vies » (www.racine.be/fr/mes-droles-de-vies.) , j’évoque une anecdote qui marque bien le changement des mentalités. Nous sommes en 1967… Merci de votre lecture amicale. Le livre est en vente partout…
Notre émission s’appelait Jeunesse 67 et, en ce début 1968, nous nous rendions compte qu’il faudrait changer de titre pour ne pas avoir à dire « 69 », avec la connotation érotique qui fut d’ailleurs chantée peu après par Serge Gainsbourg. Personne à la direction ne semblait s’en inquiéter et nous étions bien ennuyés. Nous avions chaque semaine une sorte de réunion de rédaction dans le bureau du directeur de Mons. Parmi les chroniqueurs se trouvait un journaliste plus âgé et nous lui avons demandé de s’en charger, d’expliquer la situation du titre et le danger qui pointait à l’horizon.
« Bon, on a fait le tour des problèmes ? » conclut le directeur. « Si je puis me permettre, Monsieur, nous en avons encore un. – Oui, lequel, je vous écoute ? – Bon, nous allons commencer bientôt Jeunesse 68…
– Oui et alors ? – Nous serons vite à l’année suivante. – Oui, mais quel est le problème ? – Le titre, Monsieur! – Quoi, le titre ? » J’avoue que nous étions tous un peu gênés, rougissant, mal à l’aise. Il fallait y aller vraiment. « Eh bien, nous serons en 69 et le titre sera Jeunesse 69. – Et quel est le problème? – La position peut-être ? » Et là, le directeur rou- git lui aussi et piqua une colère : « Mais enfin, qu’est-ce que c’est que cette jeunesse à l’esprit mal tourné ! » Il nous mit à la porte de son bureau. Mais quelques jours plus tard, après qu’il en eut sans doute parlé autour de lui, on nous pria de chercher un nouveau titre et ce fut Formule J, compte tenu de l’engouement qu’avait Claude pour les compétitions de bolides !
La radio bénéficiait toujours d’une très grande écoute, mais on sentait bien que l’image allait changer la donne. À la fin de l’année, la télévision française émit sa première émission en couleur. Et, comme tout évoluait, la messe pouvait se tenir en français et non plus en latin.
La société tout entière se préparait une belle révolution.