1er juin 2020
O.K. donc pour le suicide.
Mais comment? Car ce suicide doit servir de sonnette d'alarme pour signaler cet isolement total des personnes âgées avec repas en chambre et aux conséquences qui s'ensuivent.
Je mets un cadre à ma décision :
1) Quelques jours avant de mettre en œuvre concrètement ce suicide :
J'écris une lettre expliquant '' Les dégâts causés par la déshumanisation de cet isolement sans aucun contact avec l'extérieur , que subissent actuellement les personnes âgées des maisons de retraite, des Résidences seniors et bien sûr des Ehpad.
Je photocopie ce courrier. Je l'envoie en recommandé avec accusés de réception :
- Aux associations s'occupant de soins palliatifs... et autres.
- À la presse régionale,
- À la presse médicale, politique, aux directeurs des Ehpad...ayant pignon sur rue et au ministre de la santé etc... Cela va de soi !
- Lieu du suicide....je choisis la mer, un magnifique coin accessible dans les calanques...( tant qu'à faire !...)
- Comment y aller? Facile, je commande un taxi pour un soi-disant rendez-vous à l'hôpital, avec une ordonnance en bonne et dû forme, à la bonne date bien sûr !...Arrivée à l'endroit que choisi, je règle la course en prétextant qu' un ami m'a proposé de m'accompagner à l'hôpital et qu'il vient me rejoindre là
2) Je suis heureuse car apaisée par cette décision. Cette information à tout azimuts peut avoir un impact positif en éclairant ce qui se passe actuellement dans ce domaine.....un début de réflexion... c'est mon souhait. Bien sur, cette décision tournicote en moi, elle n'est pas anodine....
Peu à peu je réalise que ce suicide n'est pas un acte de lâcheté et que, bien au contraire, il correspond à ce qui m'est vital :
agir selon ma conscience, selon mon cœur,
vital pour moi et pour ceux qui m'entourent…
quelques jours passent...et, à mon étonnement, une maturation intérieure prend forme, s'incarne, s'exprime :
C'est l'heure du repas à midi...J'avance de quelques pas devant ma table et à ma surprise, m'exclame d'une voix de stentor: " JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM!...."
Et je m'assois devant mon assiette sans y toucher bien sûr....stupeur générale…
À la fin de mon repas virtuel, je regagne mon studio. La responsable du repas m'apporte alors un plateau en chambre, je le refuse...lui redis comment je ressens ce que nous sommes en train de vivre, comment cela est géré sans tenir compte de nos besoins d'êtres humains, comment cela nous transforme intérieurement peu à peu en clones irresponsables, chosifiés....elle prend acte.
Sans doute, après ma décision prise en public, y a t-il eut réunion avec la direction ; cette personne est revenue me voir pour me dire que ma décision de faire la grève de la faim avait été entendue et que certains aspects pris en compte en compte (..? ..) bien sûr, dans le domaine du possible mais en tenant compte de ce que ce confinement impliquait pour nous, les '' super-confinés''.
Je suis soulagée....je ne craignais pas l'acte du suicide mais cela représentait de la fatigue pour moi, trop d'énergie à déployer alors que je sais qu'actuellement, je n'en ai pas beaucoup à ma disposition… Tandis que la grève de la faim non! C'est une voie royale qui convient à mes possibilités réduites…
Je suis heureuse car apaisée par cette décision. Cette information à tous azimuts peut avoir un impact positif en éclairant ce qui se passe actuellement dans ce domaine.....un début de réflexion...c'est mon souhait.
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