(Pardon pour ce titre peu élégant. Thom me force à la grossièreté et je me laisse volontiers aller).
Dans le cadre du magnifique chamboultou Top of the flops of the pops of the blogs, qui consiste à bousiller un disque “crédible” (dixit Thom), avec toute la bile possible, je vais aujourd’hui - bien que mon blog soit avant tout dédié aux belles lettres - tenter d’extraire la belle madone Joan Baez de son icône dorée aux effluves de marijuana. Et comme je ne suis pas blogueuse musicale, j’espère que les auteurs du TOTFOTPOTB me pardonneront de ne pas sélectionner un disque de la “grande dame du folk”, mais plutôt de faire un pipi rapide sur l’ensemble de son oeuvre.
A priori, Joan Baez a tout, absolument tout pour me plaire. La raie au milieu, la guitare douce, l’engagement pacifiste, le même look que moi à quinze ans, les pochettes de vinyls absolument sublimes, et last but not least, l’amitié de Bob Dylan. Le problème, c’est que dès que la dame pose le pied sur scène, toute auréolée de sa gloire et de l’amour de milliers de hippies gracieux, il sort de cette bouche délicate une voix à faire mourir d’angoisse un agneau dans la bergerie. A croire que l’icône folk est issue d’une lignée de moutons bêlants. POURQUOI, sur tant de beaux textes (souvent écrits par Dylan, comme le merveilleux Blowing in the wind, autrement plus agréable à l’oreille lorsqu’il est chanté par son auteur aux Ray-Ban, ou même par ma concierge dans l’escalier), poser cette espèce de lait concentré ultra-méga-sucré couleur éléphant rose qui vibre sans fin? Beurk. Ecouter Joan Baez me fait l’effet de me plonger toute entière dans le gâteau d’anniversaire de Barbie.
Cette voix massacre tout ce qu’elle interprète. Dans la gorge de Joan Baez, l’Ave Maria (album de Noël) de Franz Schubert devient une guimauve, tremblante de toutes ses forces qui, c’est vrai, sont assez surnaturelles. Rangez vos flûtes à champagne, si vous ne voulez pas sabrer le champomy dans un gobelet en plastique.
Pourtant les textes sont beaux, de véritables poèmes qui, arrachés de l’âme d’une Janis Joplin, frôleraient l’extase mystique. Lisez plutôt :
Oh, where have you been, my blue eyed son?
Oh, where have you been, my darling young one?
I’ve stumbled on the side of twelve misty mountains
I’ve walked and I’ve crawled on six crooked highways
I’ve stepped in the middle of seven sad forests
I’ve been out in front of a dozen dead oceans
I’ve been ten thousand miles in the mouth of a graveyard…*
*Oh, où avez-vous été, mon fils aux yeux bleus ? / Oh, où avez-vous été, mon jeune ami ? /J’ai trébuché sur le flanc de douze montagnes brumeuses / j’ai marché et j’ai rampé sur six routes sinueuses / j’ai marché au milieu de sept forêts endeuillées / je me suis postée devant douze océans morts / je suis restée dix mille miles dans la bouche d’un cimetière…
Eh oui, c’est très beau. Mais pas chanté par une brebis. A tchao bonsoir!