Premier jour du couvre-feu. Un livre m’entraîne dans Paris la nuit. C’est ce livre qu’il me fallait aujourd’hui. De la gare Montparnasse à la gare de l’Est, on en croise du monde ! Des morts qu’il faut porter sur son dos, qu’il faut nommer, qu’il faut dire. Le père d’abord, un accident, et d’autres dans l’histoire : Résistants des années de guerre, et, plus tôt, poètes, Communards, à travers les siècles, des gens qui ont vécu ici, souffert ici, lutté ici, à l’angle de telle rue, sur telle place. La ville n’est pas seulement ce qu’elle est aujourd’hui. On y croise encore des fantômes. Mais on ne reste pas avec eux. On ne les fuit pas non plus. Ils nous invitent à revenir au présent et c’est l’occasion, pour Laurent Gaudé, d’une déclaration d’amour très intime avant de s’engager à nouveau dans mille vies à venir.