Entre le mauvais état de son réseau routier, la fermeture de frontière avec la Guinée Equatoriale, le ralentissement de l’activité économique, cette partie du département de l’Océan, dans la région du Sud Cameroun se meurt au fil des jours.
Kribi, ville côtière du département de l’Océan de par ses plages, son vent doux de la mer, ses chutes d’eau, ses richesses culinaires, attire chaque année de nombreux visiteurs. Malheureusement cette impressionnante beauté cache le mal profond qui ronge certains arrondissements du département de l’Océan. C’est le cas de l’arrondissement de Campo à 81km de Kribi. Limitrophe au Nord par le village Lolabe de l’arrondissement de Kribi, Au Nord-est par l’arrondissement de Nieté et l’arrondissement d’Akom II, au Sud par le fleuve Ntem, à l’Est par le fleuve Biwomé qui le sépare du Nyabizang dans l’arrondissement de Ma’an et à l’Ouest par l’océan Atlantique.
La végétation de la région, diversifiée et fortement influencée par sa pluviométrie, la proximité de la mer, l’altitude, les sols et l’action
anthropique, Campo a une flore riche, composée de plus de 1500 espèces de plantes réparties dans près de 640 genres et 141 familles inventoriées. On y retrouve près de 114 espèces endémiques parmi lesquelles 29 ne sont connues que dans le parc de Campo. On y trouve également, 80 grands et moyens mammifères, 390 invertébrés, 249 espèces de poissons, 112 reptiles, 80 amphibiens, 302 oiseaux. Ville frontalière avec la Guinée Equatoriale, Campo devrait être un important pôle économique pour le pays. L’arrondissement est pourtant l’ombre de lui-même. L’économie est pratiquement à genoux, le trafic des espèces prospère. Tandis que le réseau routier est complètement dégradé.
Partant de Kribi pour Campo, il faut parcourir 76km. Jusqu’au port autonome de Kribi, tout roule comme sur du velours. A peine la zone portuaire franchie, place aux prémices de l’enfer. Entre marres d’eau, bourbier, collines abruptes et glissantes. Du retour des obsèques d’un parent à Campo, Carine a fait la triste expérience.
Contrainte de descendre de la moto qui la transporte, elle doit continuer sa course à pied. Bâton d’appui et chaussures en main, elle gravit avec peine, la fameuse colline Mballa-Mballa, réputée pour son mauvais état. Dégoulinante de sueur elle peine à trouver les mots. «Vraiment cette route est impraticable. A tout bout de champ, on risque de s’enfoncer. Pour essayer d’y faire face, il faut enlever ses chaussures», confie la jeune femme.
Barrières improvisées
Tout comme elle, Luc Ngoté âgé de 50 ans, originaire de l’arrondissement est tout aussi amère: «vraiment cette route n’est pas facile. A l’aller, je suis tombé deux fois», lâche-t-il. Ici, les petits véhicules n’ont pas de place. Et les gros véhicules peinent à circuler. Les motos sont plus nombreuses dans ce sentier de la souffrance. Pour pouvoir circuler, il faut faire usage de beaucoup d’ingéniosité.
Lire aussi16 avril 2012 – 16 avril 2022 : Marafa Hamidou Yaya, 10 ans derrière les barreauxDes adaptations en bois sont formées pour faire face aux bourbiers et autres gigantesques marres d’eau. Pousser les véhicules est la règle, avec le plus souvent, un bain de boue ou de blessures. Le réseau routier Campo-Kribi, c’est aussi ses obstacles imprévisibles avec des risques de chutes d’arbres le long de la route. Mais aussi, des pannes de véhicules et des d’autres barrières improvisées comme des pachydermes.
L’agriculture, la pêche et la chasse constituent les principales activités génératrices de revenus pour la population. L’artisanat, l’exploitation des forêts, les activités minières et le commerce viennent au second plan. Pour autant, les populations n’arrivent pas à écouler leurs produits vers le chef-lieu du département. Depuis la fermeture des frontières, impossible d’écouler la marchandise vers la Guinée Equatoriale voisine. L’activité économique est à la traine. De nombreux visiteurs qui s’y rendaient, ne le font plus.Tout comme les activités du parc de Ma’an Campo sont à l’arrêt.
Ici, le braconnage et l’exploitation illégale du bois prospèrent. Le poste douanier de Campo Beach étant presque fermé. La mairie de la ville peine à remplir son cahier de charges. Il en est de même des activités minières dans cet arrondissement. «Au moins quand les frontières étaient ouvertes, on se battait du mieux qu’on pouvait pour écouler nos produits vers les centres urbains.
Lire aussiCameroun - Covid : Les mesures barrières en congé dans les écolesMais depuis lors plus rien», se lamente Charles. La pêche tourne au ralenti. Nteme Roger, un pêcheur est aux abois «quand la route était praticable, les gens quittaient de Yaoundé, Kribi pour venir acheter le poisson ici, mais avec son état actuel, on va pêcher pour vendre à qui?». Situé sur la national N°7, les travaux de bitumage l’axe Kribi-Campo sont attendus avec impatience. Il en est de même du projet de bitumage de la route Campo – Bata en Guinée équatoriale.
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