Ce roman autobiographique raconte l'enfance de Camara Laye, de ses cinq ans à ses années lycée.Il vit dans un petit village de Guinée nommé Kouroussa. Son père est forgeron et son enfance est heureuse baignée dans un univers de croyances ancestrales. Il apprend peu à peu à faire la part des choses entre modernité et tradition.
Dans ce beau roman d'apprentissage, nous voyons Camara grandir au gré de ses aventures, jusqu'au départ pour Conakry à 600 km de chez lui, ce qui constitue une première séparation douloureuse avec ses parents et son village. Le départ pour la France sera à la fois une évolution et un déchirement, au point que sa mère refuse d'assister à son départ jusqu'au bout. Mais son éducation, les rituels lui ont appris à dominer ses peurs et ses douleurs.
Cette lecture fluide permet de découvrir un univers bienveillant, porté par la volonté d'éduquer intelligemment ces enfants appelés à quitter le giron familial pour affronter le monde souvent hostile.
On a pu reprocher à l'auteur de décrire une Afrique un peu trop paisible, occultant les luttes anti-coloniales, pour ces questions, je vous invite à consulter cet article : Ce que Mongo Beti reprochait à Camara Laye. "Qu'est-ce que fait Camara Laye dans son roman ? Il est certain que le rôle du romancier n'est pas le même lorsqu'il est le produit d'une société paisible, autonome, indépendante, prospère comme la société occidentale - c'est vrai - mais en revanche, lorsqu'il est le fils d'un peuple qui est humilié depuis des siècles, opprimé depuis des siècles, notamment lorsqu'il écrit à un moment où ce peuple essaie de lutter pour reconquérir la liberté - c'est le cas de la Guinée au moment où Camara Laye écrivait - il est inconcevable que cet auteur, ce romancier ne soit pas dans une certaine mesure l'écho des combats de son peuple. Ça, c'est un point de vue général. C'est un point de vue moraliste. Moi, je considère que la littérature est inséparable d'une certaine morale. Qu'il le veuille ou non, le monsieur ou la dame qui écrit pose un acte politique. Soit qu'il se taise, soit qu'il parle, de toute façon, il prend position. Camara Laye, en ne disant pas ce qui se passe sous ses yeux, a pris position. Voilà le point de vue général."
Présentation de l'éditeur : Pocket