Terebenthine

Publié le 14 octobre 2020 par Lorraine De Chezlo
de Carole Fives

Roman - 170 pages

Editions Gallimard - août 2020

Début des années 2000. La narratrice entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Lille, et s'oriente vers la peinture quand cet Art est de plus en plus dénigré face aux nouveaux mediums, aux installations visuelles... L'école est le siège de découvertes, d'apprentissage, de débats autour des femmes dans l'histoire de l'art selon les cours donnés par les professeurs, mais aussi lieu de hiérarchie de disciplines. Avec les moyens du bord, certains s'installent dans des caves sombres pour avoir l'espace de créer, de peindre, de s'étendre, et de répandre cette odeur repoussante mais évocatrice de térébenthine.

Ce roman m'a assez déçue, je pensais y lire un écrit plus ambitieux sur l'état actuel de l'Art contemporain dans les Ecoles, ou des tourments et des acharnements laborieux des élèves artistes, ou une ode à l'art pictural, ou à la lumière sur les femmes artistes dans l'Histoire. Il s'agit d'abord d'une histoire d'amitié entre Luc, Lucie et la narratrice, petit groupe d'affinité, mais j'ai regretté que l'écrivaine n'aille pas davantage approfondir les réflexions de la narratrice. Beaucoup d'aspects sont évoqués, assez vite survolés pour qu'on les sentent incarnés. La peinture ne serait-elle pas le dernier Art de subversion, le premier art rupestre, et maintenant celui qui est aux antipodes du monde de nouvelles technologies ? 

Extrait :

"Avec elle, la nuit, tu parcours le centre-ville, des cutters plein les poches. Vous découpez des affiches sur les murs, comme le firent les Nouveaux Réalistes dans les années 60. Mais pour Lucie il ne s'agit pas de montrer les affiches telles quelles, comme le firent Raymond Haims ou Jacques Villeglé, non, Lucie affirme qu'elle pratique le détournement d'images. Qu'elle révèle le côté pornographique du capitalisme. Résultat, au cours de l'année, les caves des Beaux-Arts sont peu à peu envahies de publicités couvertes de sexes démesurés, de seins et d'organes monstrueux."

Il n'en reste pas moins un roman qui se lit facilement, sur les errances et les difficultés notamment matérielles des élèves d'Art en général, et sur les humiliations et l'avenir bouché annoncé aux élèves peintres en particulier. Et au final, c'est un hommage appuyé à un professeur suicidé, l'écriture venant célébrer la peinture évanouie.

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