Une du supplément culturel de Página/12 ce matin
Hugo Arana avait été hospitalisé, dans une clinique privée de Buenos Aires, en septembre, à la suite d’une chute à domicile mais dimanche, il est mort du covid-19. Peut-être du fait d’une contamination lors d’un examen médical (son fils suppose qu’un accident nosocomial est possible). A moins qu’il n’ait été déjà touché par le virus quand il est tombé chez lui. C’est la première fois qu’une grosse vedette populaire est victime de cette maladie en Argentine.
Le grand acteur est salué par tout le monde en ce jour où l’Argentine fête la journée de la diversité culturelle, l’anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Hugo Arana a enchanté le petit et le grand écran depuis les années 1970. Il avait commencé sa carrière aux côtés de l’immense Alfredo Alcón, disparu il y a quelques années, dans un grand classique, un film en costumes sur le général José de San Martín (El Santo de la Espada, 1970), où il interprétait une silhouette d’officier de l’armée de Manuel Belgrano. Deux ans plus tard, il s’ancrait dans toutes les mémoires à travers un spot de publicité pour une marque de vin aujourd’hui oubliée mais le spot, lui, reste une référence cinquante ans plus tard.
La première apparition de Hugo Arana sur le grand écran :
l'officier en uniforme rouge à l'arrière-plan
Vous avez reconnu les favoris fournis de San Martín à gauche
et les boucles en frange de Manuel Belgrano au centre.
De 1968 à 2001, non
sans interruption puisque l’émission ne fit que six saisons tout
en migrant de chaîne privée en chaîne privée, il brilla dans une
série comique télévisée, Matrimonio y algo más (un couple
et plus), qui racontait les mille et une aventures quotidiennes d’une
famille argentine de classe moyenne. Le rendez-vous d’humour a si
fort marqué le public que, près de vingt ans après son dernier
numéro, Página/12 y fait encore allusion dans son titre
d’aujourd’hui, Un gran actor y algo más.
Hugo Arana avait aussi fait du théâtre. En 2013, une crise cardiaque l’avait obligé à se retirer de l’émission de télévision à laquelle il participait. Il continua toutefois à tourner au cinéma, où sa filmographie compte en tout 41 œuvres. De 2000 à 2011, il reçut six fois le prix Martín Fierro, l’équivalent de nos César, un très beau palmarès. A deux reprises, en 2005 et 2016, il se vit remettre le Cóndor de Plata, autre récompense artistique.
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Ce campagnard né dans
la pampa bonaerense et devenu citadin dans la banlieue populaire au
sud de Buenos Aires (à Lanús, la ville natale de Maradona) ne
cachait pas des positions politiques bien arrêtées et par
conséquentes assez clivantes. Dès 2016, il avait montré en public
son désaccord avec la politique économique de Mauricio Macri.
Pourtant, depuis hier, il fait l’unanimité dans tous les journaux,
de droite comme de gauche. Tous traitent sa mort à la une. Página/12
lui consacre celle de ses pages culturelles.