Parmi les nombreux articles de la presse française relatant l'entrevue des deux empereurs à Salzbourg, je retiens les trois articles particulièrement bien informés du Mémorial diplomatique du 21 août 1867, qui s'attachent aussi à décrire les conditions pratiques de la réception des deux couples impériaux.
Un de nos correspondants de Vienne, qui s'est rendu expressément à Salzbourg dans le but de nous envoyer un compte-rendu de l'entrevue des deux Empereurs, nous adresse la lettre suivante, écrite quelques heures après l'arrivée de l'Empereur et de l'Impératrice des Français.
Salzbourg, 18 août, 7 h. du soir.
Vous n'allez pas, j'espère, m'attribuer la prétention de venir au déboîté soulever le voile du mystère qui couvre encore les délibérations dont cette ville, jusqu'ici célèbre uniquement pour avoir été le berceau de l'immortel auteur de Don Juan, doit être le siège pendant l'entrevue des deux monarques.
L'affluence considérable de journalistes, d'hommes politiques et de diplomates accourus ici de tous les pays, dit assez que l'opinion publique persiste à considérer la visite de courtoisie rendue par Napoléon III à la famille impériale d'Autriche comme un événement dont il est impossible de méconnaître la portée politique, et qui, quoi qu'on dise, doit aboutir à de féconds résultats. Aussi voyons-nous les organes les plus accrédités de la presse périodique, et en première ligue le Journal des Débat s, tirer déjà l'horoscope de l'issue de l'entrevue de Salzbourg.
Je n'ai ni l'intention ni le temps de relever ici les suppositions plus que hasardées sur lesquelles pivotent les appréciations du Journal des Débats. Je me bornerai aujourd'hui à vous rapporter l'impression qu'elles ont produit dans le monde diplomatique : c'est que ces prétendues révélations ont été puisées à des sources prussiennes, intéressées à donner le change à l'opinion publique de l'Europe sur le but réel et les résultats éventuels de la rencontre de Napoléon III avec François-Joseph.
Je ne crois pas trop m'avancer en disant que j'espère être bientôt à même de vous prouver que la politique conjecturale du Journal des Débats porte complètement à faux ; mais n'anticipons pas sur le résultat de délibérations qui ne sont pas encore commencées, puisqu'il y a deux heures à peine que l'Empereur et l'Impératrice des Français sont arrivés dans nos murs.
C'est de l'accueil on ne peut plus cordial fait aux augustes voyageurs tant par la cour d 'Autriche que par toutes les classes de la population de l'Empire, que je vais brièvement vous entretenir, pressé que je suis par le départ du courrier.
Depuis huit jours, Salzbourg n'est plus reconnaissable, tant est considérable le mouvement qu'on remarque dans cette ville, ordinairement calme et paisible, fréquentée qu'elle est exclusivement par les touristes désireux d'en admirer les environs pittoresques. Sans compter tout l'attirail de la cour et la multitude d'étrangers, la plupart venus des bains d'Ischl, de Gastein, etc., et appartenant aux classes riches, les principales villes situées dans le rayon de Salzbourg, telles que Munich, Linz, Passau et surtout Vienne, ont fourni un nombreux contingent de curieux, de sorte que non seulement dans les hôtels, mais encore dans les maisons particulières, il n'est plus possible de trouver un gîte. Jugez du désappointement de tout ce monde, lorsque avant-hier le mauvais temps, qui nous poursuit cette année, recommonça de plus belle, et que la pluie, comme elle tombe dans ces régions, transforma les rues en de véritables lacs. Heureusemant le lendemain le ciel s'éclaircit, et aujourd'hui la fête de l'Empereur d'Autriche a été éclairée par un magnifique soleil.
Les autorités civiles et militaires se sont rendues, à dix heures du matin, en passant par les rues pavoisées, à la cathédrale, pour assister à la messe solennelle, suivie d'un Te Deum, pendant qu'un bataillon d'infanterie, échelonné, musique et drapeau en tête, sur la place, tirait des salves de mousqueterie aux principaux actes du service divin.
L'Empereur François-Joseph était arrivé la veille, accompagné de l'Impératrice Elisabeth qu'il était allé chercher à Ischl. LL. MM. occupent le deuxième étage de l'ancienne résidence des archevêques de Salzbourg ; le premier est réservé à l'Empereur et à l'Impératrice des Français ; les appartements en ont été décorés avec un goût exquis, malgré la hâte avec laquelle ont dû être poussés les préparatifs pour la réception des illustres hôtes. L'impératrice Eugénie habite l'aile du palais occupée ordinairement par l'Impératrice douairière Caroline ; l'aile d'en face a été disposée pour l'Empereur Napoléon et sa suite.
Vingt carrosses de la cour avec l'attelage correspondant et un grand nombre de chevaux de selle ont été amenés de Vienne pour le service de LL. MM. Toutes les charges de la cour se trouvent également représentées à Salzbourg par leurs chefs.
Bien que l'arrivée de l'Empereur et de l'Impératrice des Français n'eût été annoncée que pour quatre heures et demie, les abords de la station du chemin de fer et l'avenue assez longue qui conduit de la station dans l'intérieur de la ville, étaient depuis le matin envahis par la foule des curieux, au nombre desquels on remarquait surtout les populations rurales dans leur costume original. La gare de Salzbourg, une des plus belles et plus vastes de l'Allemagne, avait été merveilleusement ornée de riches tentures, de tapis moëlleux, de trophées réunissant les drapeaux de France et d'Autriche, d'une profusion de fleurs rares et de plantes exotiques. Des dames élégamment parées et quelques personnes privilégiées avaient seules obtenu la permission d'entrer dans l'intérieur de la station.
Je ne saurais vous décrire le spectacle animé qu'offraient la gare et les abords au moment où le sifflet de la locomotive a annoncé l'approche du convoi impérial.
L'Empereur et l'Impératrice des Français avaient fait le trajet depuis Châlons dans le wagon réservé à leur service personnel, et dont tout le monde admirait la forme élégante, lorsque le convoi s'est arrêté devant le grand salon d'attente, où se tenaient l'Empereur et l'Impératrice d'Autriche, accompagnés du prince Louis Victor, le plus jeune des frères de l'Empereur, et suivis du chancelier de l'Empire baron de Beust, du prince de Metternich, du comte Andrassy, président du ministère hongrois, du comte Festetics, membre du même cabinet, du comte Taaffe, qui dirige le département de l'intérieur des pays cis-leithans, du comte Coronini, gouverneur de la province, et du chevalier de Mertens, maire de Salzbourg.
Aussitôt que le convoi se fut arrêté, l'Empereur et l'Impératrice d'Autriche se sont portés à la rencontre de leurs augustes hôtes, qui, de leur côté, se disposaient à descendre du wagon. L'Empereur François-Joseph a serré cordialement la main à Napoléon III ; ensuite la présentation des deux Impératrices ayant eu lieu réciproquement, chaque Empereur a baisé la main à l'épouse l'un de l'autre, puis Napoléon III a offert le bras à réparatrice Elisabeth et François-Joseph à l'Impératrice Eugénie, et tous sont rentrés dans le salon, où ont eu lieu les présentations d'usage.
L'Empereur et l'Impératrice des Français ont eu des paroles fort gracieuses pour M. le baron de Beust, le comte Andrassy et le grand chambellan comte Crenneville, que LL. MM. avaient eu l'occasion de recevoir à Paris. L'Empereur François-Joseph a, de son côté, rappelé au grand écuyer général Fleury qu'il avait eu le plaisir de le recevoir au quartier général de Vérone, l'avant-veille de l'entrevue de Villafranca.
Après s'être reposés environ un quart d'heure, les souverains ont quitté le saloanpour monter dans les carrosses qui les attendaient devant la grande entrée de la gare. A leur vue, la foule a fait entendre des vivats enthousiastes.
Avant de sortir de la station, les deux Empereurs, suivant l'étiquette militaire de l'Autriche, ont passé en revue la compagnie des chasseurs, qui, musique en tête, formait la garde d'honneur devant la gare. Napoléon III a été frappé de la tenue martiale de ce corps d'élite, qui, vous le savez, a servi de modèle pour la formation des chasseurs de Vincennes en France.
En sortant de la gare, pour se rendre au palais destiné à leur résidence, les deux Impératrices ont pris place au fond du premier carrosse, l'Impératrice Elisabeth donnant la droite à l'Impératrice Eugénie ; le devant était occupé par les deux Empereurs, Francois-Joseph donnant également la droite à Napoléon IIl. Sur tout le parcours du cortège impérial, la population faisait éclater les marques de la sympathie la plus vive et la plus cordiale que lui inspirait la rencontre des deux souverains.
Après avoir installé leurs illustres hôtes dans leurs appartements respectifs, dans l'intérieur desquels étaient placés des gardes du corps appartenant à la garde allemande et à la garde noble hongroise, l'Empereur et l'Impératrice d'Autriche se sont retirés pour laisser à l'Impératrice des Français le temps de préparer sa toilette pour le dîner. Le dîner a été servi à sept heures ; outre les ministres susnommés et les personnes composant les suites de LL. MM., le prince de Metternich, le duc de Gramont et l'archevêque de Salzbourg ont eu l'honneur d'y assister.
L'Empereur des Français, pour garder l'incognito, était arrivé en habit civil, tandis que l'Empereur François-Joseph était allé à sa rencontre revêtu de l'uniforme de maréchal, que Sa Majesté a conservé pendant le dîner; mais je crois savoir que demain l'Empereur d'Autriche paraîtra pour la première fois aux yeux de son peuple également en habit civil, pour se mettre à l'unisson de son hôte auguste. Ce détail, fort accessoire en apparence, a pourtant une plus grande portée qu'on ne le pense à l'étranger ; car il implique une concession faite aux vœux depuis longtemps manifestés par toutes les classes civiles de l'Empire.
Mais je m'apercois que du haut des montagnes qui couronnent Salzbourg des milliers de feux rayonnent, offrant le tableau grandiose d'une illumination de vingt milles à la ronde, LL. MM., au milieu des acclamationsde plus en plus enthousiastes de la foule, quittent la résidence pour faire, en carrosse découvert, une promenade au château de Klesheim, d'où l'oeil domine ce panorama embrasé. Je vais à mon tour jouir de ce spectacle admirable, qu'on ne peut voir que dans cette contrée alpestre, qui, inondée en ce moment de la lumière argentée de la lune, présente un aspect vraiment féerique.
La représentation de gala au théâtre, qui devait avoir lieu ce soir, a été remise à demain.
Après-demain, on entreprendra une excursion à Monatschlœssel, ainsi appelé parce que la construction de ce château fut improvisée pour ainsi dire dans le court espace d'un mois ; et mercredi, une autre excursion au chàteau de Hellbrunn, célèbre par ses cascades et ses jets d'eau.
La journée de jeudi sera consacrée à la visite des bords sauvages du lac de Kœnigssee, situé dans une contrée qui semble résumer sur un seul point toutes les beautés de la nature suisse.
Vendredi 23 est le jour fixé pour le départ.
Vous me demanderez maintenant où l'on trouvera, au milieu de ces fêtes et de ces excursions, le temps nécessaire pour les délibérations diplomatiques qui préoccupent à un si haut degré l'Europe entière : telle est l'énigme que chacun se pose sans pouvoir en trouver le mot ; j'essaierai d'y parvenir dans une prochaine lettre, d'autant plus que la publication bi-hebdomadaire de voire journal m'accorde quelques jours pour m'orieuter, Le secrétaire de la rédaction :
L'entrevue de Salzbourg éveille plus que jamais les préoccupations de l'opinion et des journaux en Allemagne. A la première nouvelle de cet important événement, les feuilles prussiennes affectèrent de faire ressortir l'impossibilité qu'il en sortît une entente sérieuse entre la France et l'Autriche, et elles prirent à tâche en même temps de démontrer que la seule alliance sérieuse et pratique pour le cabinet de Vienne serait l'alliance avec la Prusse. Comme nous l'avons exposé précédemment, ces manœuvres de polémique furent secondées, jusqu'à un certain point, par le langage des principaux journaux d'Autriche, la Presse et la Nouvelle presse libre, qui, avec un médiocre sens politique, mirent tous leurs soins dans le premier moment à circonscrire et à restreindre le caractère de la future entrevue de Salzbourg, en imaginant des combinaisons d'autant plus faciles à réfuter qu'elles étaient et restent sans fondement. Grâce à cet auxiliaire inattendu, trouvé dans les rangs d'une presse qui ne doit cependant guère de ménagements à la Prusse, les journaux de Berlin en sont venus petit à petit à représenter l'entrevue de Salzbourg comme un pur incident d'étiquette et à lui dénier toute signification politique.
Il n'est pas difficile de comprendre cependant que la vérité sur la portée du voyage de LL. MM. françaises à Salzbourg, si elle a été altérée par les nouvellistes qui ont vu immédiatement au bout de ce voyage la signature d'un traité d'alliance offensive et défensive contre la Prusse, ne l'a pas été moins par ceux qui feignent aujourd'hui de n'y voir qu'une visite de courtoisie, de laquelle toute conversation politique serait rigoureusement exclue. On peut avoir quelque intérêt, dans l'Allemagne du Nord, à soutenir cette thèse étrange ; mais la preuve qu'elle n'inspire pas une grande confiance même à ceux qui la propagent, c'est que le jour où l'Empereur et l'Impératrice des Français ont touché le sol allemand, on s'est empressé de faire dire de Berlin par le télégraphe, que les conventions militaires conclues il y a un an entre la Prusse et les Etats du Sud entreront en exécution le 1er octobre prochain.
Y a-t-il plus de vraisemblance dans les informations que publient d'autres journaux pour établir que les conversations de Salzbourg auront lieu d'après un programme déterminé, qui comprendrait à la fois les affaires du Mexique, de l'Allemagne et de l'Orient ? Sans doute, si l'on parle politique dans cette résidence, il est bien difficile d'omettre des questions si vivantes et sur lesquelles on aperçoit clairement que les deux souverains de France et d'Autriche peuvent avoir des idées à échanger ; mais ajouter que ces idées sont mùres pour une alliance et urgentes à appliquer par une action commune, c'est méconnattre à plaisir les circonstances à la suite desquelles le voyage de Salzbourg a été décidé, c'est oublier que rien n'est plus éloigné des intérêts de l'Autriche et de la France ainsi que des sentiments personnels des souverains de ces deux pays que les entreprises dont on leur attribue le projet.
Dans le présent, on ne saurait trop le répéter, la paix est le premier besoin des gouvernements et des peuples, et c'est à la maintenir que tendent sincèrement tous les efforts des uns et des autres. S'il y a des alliances à contracter, ce n'est point pour ressaisir uu passé que les événements ont condamné d'une façon irrévocable, mais pour arrêter ceux qui rêveraient de troubler la paix générale pour réaliser des ambitions que rien ne justifie. On peut donc à Berlin et ailleurs ne pas prendre trop d'inquiétude des conversations de Salzbourg. Si le respect des traités, si l'esprit de conciliation et de justice inspirent le gouvernement prussien dans ses actes comme dans son langage, l'alliance franco-autrichienne, dans le sens qu'on lui prête, dans le but qu'on lui assigne, est sans objet, et il n'y a pas apparence qu'elle se manifeste. Nous n'espérons pas cependant que ces réflexions fassent un prompt chemin dans le public, en Allemagne et en France, où l'on s'obstine, malgré tout, à donner les proposions les plus exagérées aux événements les plus simples. Le but qu'on cherche à at] teindre en excitant ainsi l'opinion à propos de tout et de rien, nous échappe complétement, car nous remarquons précisément que l'accueil dont l'Empereur et l'Impératrice des Français ont été l'objet en traversant l'Allemagne du sud, n'est point de nature à répondre aux espérances de ceux qui ont tenu à faire de leur voyage un événement exclusivement politique.
Troisième article (p.972)
Voyage de M. MM. l'Empereur et l'Impératrice à Salzbourg
Nous reproduisons, d'après le Moniteur, les télégrammes suivants :
Augsbourg, 18 août, 9 h. 50 du matin.
L'Empereur et l'Impératrice ont quitté le camp de Châlons hier 17, à huit heures du matin, et sont arrivés dans la nuit, à une heure, à Augsbourg.
En traversant le grand-duché de Bade, Leurs Majestés ont trouvé à Carlsruhe Leurs Altesses grand-ducales et le prince Guillaume de Bade.
A la frontière de Wurtemberg, le baron de Varnbuhler, ministre des affaires étrangères, et le comte de Taubenheim, grand écuyer, délégués par leur souverain, sont montés dans le wagon impérial. A Ulm, l'Empereur et l'Impératrice ont rencontré le Roi, venu de sa résidence de Friedrichshafen, sur les bords du lac de Constance.
En entrant en Bavière, Leurs Majestés ont, été remues et suivies par le baron de Moy, grand maître des cérémonies.
A Augsbourg, l'Empereur et l'Impératrice ont été salués par le baron de Lerchenfeld, président du gouvernement, et les généraux commandants de la province et de la ville.
Ce matin, Leurs Majestés Impériales ont entendu la messe à la chapelle du château, puis visité, dans la Kreutzstrasse, une maison qui a autrefois servi de résidence à la Reine Hortense. Elles ont ensuite continué leur route et traversé Munich à midi et demi.
S. M. le Roi de Bavière, qui s'était rendu à Augsbourg au-devant des Augustes Voyageurs, les a accompagnés jusqu'à Rosenheim.
Traunstein, 18 août, 4 h. du soir.
Après avoir parcouru la ville d'Augsbourg, l'Empereur et l'impératrice se sont rendus à la gare, où se trouvait déjà le Roi de Bavière. Sa Majesté a voulu accompagner ses Augustes Hôtes jusqu'à la dernière station de son royaume. A Munich, la Reine-mère et la princesse Charlotte, duchesse de Bavière, se sont rencontrées avec Leurs Msjestés.
Salzbourg, 18 août, 5 h. du soir.
L'Empereur et l'Impératrice des Français viennent d'arriver à Salzbourg. L'Empereur et l'Impératrice d'Autriche, accompagnés de S. A. R. l'archiduc Louis Victor, et entourés des ministres et des grands dignitaires de l'empire, s'étaient rendus à la gare au-devant de Leurs Majestés et leur ont fait l'accueil le plus cordial et le plus sympathique.
La santé de Leurs Majestés est excellente.
D'après un télégramme communiqué à la presse parisienne, la fête de l'Empereur
Napoléon aurait été célébrée solennellement le 18 courant dans la cathédrale de Salzbourg, en présence des autorités civiles et militaires du pays, du baron de Bemot, des comtes d'Andrassy,de Festetics et de Taaffe.
Ce télégramme commet une confusion ; car il s'agit ici de l'anniversaire de la naissance de l'Empereur François-Joseph, qui accomplissait ce jour-là sa trente-septième année. Tous les ans cet anniversaire est, suivant l'usage, célébré par un service divin et par des réjouissances publiques.
C'est à Vienne dans l'église paroissiale de Sainte-Anne que la fête de l'Empereur Napoléon a été célébrée en présence de S. Exc. M. le duc de Gramont, et de tout le personnel de son ambassade. Dans la soirée l'ambassadeur a donné un grand dîner diplomatique.
M. le duc de Gramont, avec toutes les personnes composant l'ambassade de France à Vienne, a traversé Salzbourg dans la nuit du 17 au 18 courant, se rendant à Traunstein, sur la frontière de Bavière, pour y attendre l'Empereur et l'Impératrice des Français, et accompagner ensuite Leurs Majestés à Salzbourg.
La presse prussienne s'était efforcée de propager le bruit que l'Impératrice d'Autriche refusait d'assister à l'entrevue des deux Empereurs à Salzbourg, pour obliger l'Impératrice des Français à venir lui rendre visite à lschl.
Nous n'aurions pas relevé cette invention grossière, si plusieurs de nos confrères parisiens n'avaient persisté à répéter que l'Impératrice Eugénie serait dans la nécessité de faire réellement une excursion à Ischl pour rendre visite à l'Impératrice Elisabeth.
Les télégrammes publiés par le Moniteur constatent combien nous avions raison d'affirmer que l'Impératrice d'Autriche se trouverait à Salzbourg pour y recevoir l'Impératrice Eugénie. En effet, malgré l'incognito gardé par l'Empereur et l'Impératrice des Français, l'Impératrice Elisabeth a tenu à se rendre à la gare au devant de ses augustes hôtes.
Nos lettres de Vienne assurent même que l'Impératrice d'Autriche témoigne le plus vif désir de pouvoir rendre, dans le plus bref délai possible, sa visite aux souverains de la France à Paris.
L'Epoque prétend que le Mémorial diplomatique pouvait se dispenser de démentir le bruit que l'Empereur et l'Impératrice d'Autriche comptaient profiter de leur voyage en France pour rendre également visite à la Reine d'Angleterre, attendu, dit notre confrère, qu'aucun journal ne s'était fait l'écho de ce bruit.
Si l' Epoque veut bien se donner la peine de prendre en main le Court Journal de Londres du 5 août, elle verra que ce journal, qui, en raison de sa position d'organe de la cour d'Angleterre, devait paraître parler à bon escient, a réellement considéré comme très probable une visite prochaine de l'Empereur d'Autriche à la Reine Victoria.
Invitation à la lecture