Le livre est beau, sensuel ; sa couverture rouge est faite pour la caresse. On ne l’ouvre pas sans égards. Dorothée de Monfreid nous en révèlera plus de page en page, et même surprendra les livres se frottant dos à dos dans les rayonnages des bibliothèques. Et pas seulement les livres. Que font la fourchette et le couteau dans l’assiette ? La clé dans la serrure ? Tout est suggéré dans ce livre par le « han han » sexuel et le « hu hu » du rire. Une, deux ou quatre cases, et le tour est joué : séduction, accouplement, et même reproduction. Dans tous les cas, ce que Dorothée de Monfreid ne montre pas, c’est la main qui retourne le disque, celle qui fait passer le fil dans le chas de l’aiguille, qui allume ou éteint la lampe, qui cueille le raisin à la grappe. Toutes ces choses (qui ne sont pas que des objets, comme le souligne Carole Fives dans sa préface) oublient un temps leur utilité pour ne plus se consacrer qu’à la vie, à l’amour.