A été rendu disponible, vendredi dernier, sur Netflix, en Amérique du Nord, The Haunting of Bly Manor, des mêmes créateurs de The Haunting of Hill House, qui avait beaucoup séduit toute ma gang, Punkee, Monkee, l'amoureuse et moi.
Bien entendu, mon fils Monkee nous as mis le grappin dessus assez vite "nous réservant" pour vendredi soir. Et on s'est tapé 3 épisodes (de 9) ne cessant que parce qu'il était trop tard, en soirée. Et madame sentait que la nuit faisait bouger
Mais on avait envie de continuer. Ce qu'on a fait samedi.
Pour des dégénérés comme nous, rien, au cinéma comme à la télé, n'est trop épeurant en tout temps. Mais pour bien des gens, le film trop tordu peut vous rendre misérable longtemps. Lorgnant vers le traumatisme. À passer des nuits à tenter de changer certaines images collées au cerveau.
Comment savoir ce qui nous plaît sans y planter ses yeux d'abord? J'essaie de vous aider. En fracturant les films d'horreur/suspense en trois catégories et en les comparant à d'anciens films du même type. Sur une échelle de 10.
Ce n'est pas tout le monde qui soit effrayé par les mêmes choses. Certains ne peuvent pas soutenir les sauts qu'on nous fait faire. D'autres, seront hantés par les terreurs psychologiques. Finalement, la plupart seront écoeurés par les éclats de sang, les bruits de doigts plantés dans les fruits pourris quand on transperce un corps et les artères qui éclatent. Je viens de vous décrire mes trois critères: le suspense, le sinistre, le gore.
Mike Flanagan s'était inspiré librement du livre de Shirley Jackson du même nom de 1959 pour travailler The Haunting of Hill House. Cette fois, il s'inspire librement de The Turn of the Screw de Henry James pour nous offrir The Haunting of Bly Manor. Pour nous, c'est formidable, mais pour les autres, est-ce trop insupportable?
Petit guide d'aide.
SUSPENSE:
Comme son prédécesseur, The Haunting of Bly Manor est coupable de plusieurs sauts dans le simple but de garder la tension élevée. Derrière chaque plan, on devine des mouvements et des silhouettes et la caméra est habilement placée pour nous laisser croire qu'il y a toujours quelque chose derrière qui va bouger (et qui le fait souvent pour les plus attentifs). Tout comme dans le premier effort, le jeu des jeunes enfants est tout simplement éblouissant. On ne sait trop si on doit avoir pitié du petit Miles, 10 ans, ou si il faut, au contraire, en avoir peur. Creepy est le mot qui lui va bien. Le film se situe au niveau 7 du suspense, soit à la même hauteur qu'un film comme Jaws, mais moins que The Texas Chainsaw Massacre, The Shining ou Alien .
SINISTRE:
Il est toujours assez difficile de trouver plus sinistre qu'un enfant anormalement sombre. Et le personnage de Miles Wingrave, incarné fabuleusement par Benjamin Evan Ainsworth, nous dose sa présence avec beaucoup de mystère. Parfois il semble adulte, parfois suicidaire, parfois simple enfant, toujours étrange. Moody. On dévoile cet enfant, les deux enfants, (la petite fille a 8 ans), leur univers, leur passé, au compte-goutte, et c'est au bout de 5 heures que la vraie frayeur des fantômes opère vraiment. L'installation de l'atmosphère est si efficace qu'une théière ou un bruit de téléphone peut nous faire sursauter. Victoria Pedretti (aussi présente dans la série précédente et dans la seconde saison de You, toujours sur Netflix) excelle à nous transmette la frayeur de ce qu'on ne voit pas, de ce qu'on anticipe, ce qu'une partie de cache-cache ne manque jamais de nous transmettre aussi efficacement. Votre pouls s'agitera. Le film se situe au niveau 9 du sinistre, soit à la même hauteur que The Shining, et un peu moins que The Exorcist.
GORE:
Comme une vraie nouvelle gothique, The Haunting of Bly Manor est peuplé de flashbacks, mystérieuses présences, de poupées glauques et d'amours interdits, mais une chose que la série ne contient pas est du sang. Pas même une goutte. Même si certains personnages connaissent des fins horribles. Flanaghan n'est pas contre le gore, suffit de voir ce qu'il a fait dans Doctor Sleep. Mais dans ...Bly Manor, les seules fluides importantes sont celles du lac d'où semble sortir une mystérieuse femme, la nuit. Le niveau de gore se situe à 1. Soit, au même niveau que le film Paranormal Activity.
Les créateurs ont bien spécifié que ce n'était pas une "série d'horreur" mais plutôt une romance gothique. Mais comme un personnage le souligne vers la fin, il ne s'agit pas d'une histoire de fantômes autant qu'une histoire d'amour. On a peur un peu partout, mais la possibilité de l'amour demeure un élément important de l'intrigue des personnages et le type de survie est émotif plus que vital. Ça vous effraiera mais son but est aussi de vous remuer émotivement.
Le mal qu'on vous distille n'est pas un mal simplement vicieux, c'est une chance au bonheur qui pourrait ne jamais revenir.
La série, au total se situe autour de 7/10, parce que oui, depuis vendredi, et jusqu'à hier soir, on l'a dévorée.
Je vous laisse, j'ai Evil Dead II à consommer pour déjeuner.