C’est un fait, le gin est à la mode. Déjà bien implanté depuis le début du XXIe siècle au Royaume-Uni et en Espagne, le « gin craze » a débarqué en France ces dernières années. C’est d’ailleurs le spiritueux qui a connu la plus forte progression des ventes en 2019 avec +8,5 % de ventes par rapport à 2018. Chiffre qui prend encore plus de valeur lorsque l’on s’aperçoit que la vente d’alcool a baissé de 3 % l’année dernière. Il faut dire que l’offre est devenue complètement folle, avec toujours plus de distilleries qui ouvrent dans le monde entier. Rien qu’en France, elles sont plus d’une centaine. Autant de belles bouteilles dans les rayons de votre caviste préféré, c’est autant de choix difficiles. Heureusement, l’homme tendance vous donne toutes les astuces pour déguster un gin comme un pro.
Le retour en force du gin
L’idée reçue, comme quoi les alcools blancs sont sans saveur, prends du plomb dans l’aile. La faute au gin, et surtout à son incroyable diversité en termes de palette aromatique. À l’image d’un parfum, chaque amateur peut trouver le gin qui lui correspond.
C’est l’histoire d’un alcool has been…
Si la créativité est la source principale de son renouveau, il lui a fallu une révolution pour en arriver là. Un homme, Charles Grant Gordon, en est l’instigateur. En 1999, le distillateur et homme d’affaires écossais en a ras le haut de forme de déguster son gin tonic tout tristounet. En plein marasme, le gin se traîne l’image d’un alcool désuet, versé discrètement par les mamies anglaises dans leur thé de 17 h…
Gordon a l’idée de concevoir un gin floral et épicé, aux senteurs d’une roseraie britannique. La plupart des ingrédients sont classiques (genièvre, racine d’angélique, racine d’iris, camomille…) auxquels s’ajoutent des essences de rose et de concombre. Cet éclair de génie naît en 1999, et porte le nom de Hendrick’s. Le succès est immense.
…qui effectue un incroyable come-back
Aujourd’hui, quasiment chaque région du monde à sa déclinaison en gin, avec un ou plusieurs ingrédients qui les symbolisent. Ainsi, le gin japonais Ki No Bi est élaboré à partir de saveurs nippones, comme le yuzu et le poivre de Sansho. Le Royaume-Uni joue la carte à fond, avec par exemple de la rhubarbe incorporée dans le gin anglais That Boutique-y Gin Co, et des algues sugar kelp dans le gin écossais Isle of Harris.
En France, plus d’une centaine de distilleries et de micro-distilleries débordent d’imagination. Avec ce même principe d’insuffler une image « terroir » et locale au produit. Le piment d’Espelette est l’ingrédient phare du Brana, un (sublime) gin basque. En Provence, ce sont des olives, de la lavande et du jasmin que l’on peut ressentir à la dégustation du gin Cicada. Bref, vous l’avez compris, le gin plane sur tous les champs aromatiques possibles et imaginables. D’où la nécessité d’instaurer une classification des gins pour s’y retrouver.
Étape 1 : pour déguster un gin, apprenez à différencier les champs aromatiques
Chaque gin est unique, mais ils peuvent se regrouper en catégories dès lors qu’ils partagent des caractères communs. Si vous appréciez un gin, ou si vos goûts correspondent à une de ses familles, tournez-vous vers un spiritueux de la même « société ».
Le gin genévrier
Dans cette catégorie, se rangent les gins traditionnels, ceux qui font la part belle à la baie de genévrier. Rappelons que la présence de cette dernière est obligatoire si un alcool souhaite accéder à l’appellation de gin. Débuter par un gin axé sur le genévrier est idéal si vous voulez connaître les racines de cette merveilleuse boisson. Beefeater, Tanqueray et Broker’s Gin sont parfaits pour commencer.
Le gin citrique
À partir de la seconde moitié du XXe siècle, les maisons incluent plus largement les zestes d’agrumes. Les arômes citriques passent au premier plan, de même que ceux de la graine de coriandre. D’où une incroyable sensation de fraîcheur. Martin Miller’s Gin et Tanqueray N0. Ten en sont deux valeurs sûres.
Le gin épicé
Les épicés sont les dignes successeurs du gin Hendrick’s. Ici, poivre, cannelle et graines de coriandre passent avant tout. Beaucoup de nouveaux gins sont épicés et valent une bonne dégustation. Le must est de débuter avec le Hendrick’s. Continuez ensuite avec un Mombasa Club puis un Bathtub Gin.
Le gin floral
Très parfumés et herbacés, ils sont les piliers de la santé de fer du gin. Indispensables dans l’élaboration des cocktails classique, et à la base de nombreuses signatures de grands mixologues. Le gin français Citadelle est depuis quelques temps la référence de la catégorie. Rôle qui a longtemps été dévoué à Bombay Sapphire. Mais la véritable bombe vient d’Epagne : le gin Mare et ses arômes d’olive, de basilic, de thym et de romarin. Fermez les yeux. On peut entendre les cigales…
Les Inclassables
Difficile de classer le Old Tom Gin dans une des catégories ci-dessus, puisqu’il est vieilli en fût et aromatisé. De même pour le Genever, beaucoup plus sec, qui n’est autre que l’ancêtre hollandais du gin anglais. Ces derniers font un retour en force dans les bars. Le Sloe Gin est quant à lui délicieux, mais il est plutôt considéré comme une liqueur de gin aux prunelles. Typiquement britannique. Les marques suivantes vous permettront de découvrir ses alcools particuliers : Fair Old Tom Gin, Sipsmith Sloe Gin, Bols Genever.
Étape 2 : oubliez le tonic et la glace, goûtez le gin pur
Le gin est très rarement dégusté pur. Pourtant, c’est la meilleure manière de procéder si vous voulez en découvrir toutes les facettes, et développer votre palais. Surtout que les gins de nouvelle génération offrent une grande complexité aromatique. Tout élément susceptible d’altérer le goût originel du gin est donc à prohiber. Exit le tonic, et même la glace, qui a pour effet d’anesthésier votre palais. Notez que cette façon de déguster profite à tous les types de spiritueux.
Choix du verre
Pas question de déguster un gin dans un verre à shooter ou un tumbler. Choisissez un verre à tulipe ou un verre à vin, afin que les arômes du gin soient capturés dans le verre.
Sentez des grains de café
Il est important que tous vos sens soient affûtés. C’est notamment le cas de votre odorat. Il existe une manière simple de le conditionner à recevoir toutes les informations : sentez des grains de café avant chaque dégustation. Si vous n’en avez pas, sentez le dos de votre main. Votre odeur naturelle est un bon moyen de faire reset entre chaque gin.
Le nez
Le moment de sentir votre gin est venu. Remuez doucement le contenu de votre verre. Soyez délicat, il n’y a rien de pire que de brusquer l’alcool. Ses vapeurs prendraient le dessus sur les arômes.
Au premier contact, n’approchez pas trop votre nez. Faites gentiment connaissance à quinze ou vingt centimètres du verre. Les premiers effluves se font sentir. Alors, plutôt genièvre, citron, cannelle ?
Prenez UNE goutte de votre gin et posez-la sous votre langue, puis imprégnez-en toute votre bouche. Celle-ci va vous permettre de passer outre le fort taux d’alcool et de vous concentrer sur les arômes.
Puis, passez au second nez. Allez-y plus franchement. Approchez vos narines jusqu’au verre. De nouvelles senteurs devraient surgir.
Le palais
Ça y est, il est temps de goûter votre gin. Prenez de petites gorgées. Gardez chacune de celles-ci quinze secondes en bouche, le temps que votre langue, votre palais et vos gencives entrent en contact avec le liquide. Que ressentez-vous ? Les mêmes arômes que pendant la dégustation olfactive ? Quelquefois, les résultats sont surprenants.
Diluer légèrement son gin avec de l’eau
À la manière d’un whisky, vous pouvez verser trois ou quatre gouttes d’eau dans votre gin. Choisissez une eau neutre et à température ambiante pour décupler les arômes.
Étape 3 : déguster un gin en cocktail
Voilà, vous avez pu vous délecter de toutes les particularités de votre alcool. Mais vous n’avez pas acheté ce merveilleux flacon dans l’idée de le boire pur. Quels cocktails sont les mieux adaptés pour faire ressortir tous les bienfaits de votre gin ? Nous vous en avons sélectionné deux.
Gin tonic
Si vous lisez cet article, alors il y a de fortes chances pour que le gin tonic soit un de vos cocktails de prédilection. C’est, de loin, le premier mode de consommation du gin. Maintenant que vous en avez un de qualité en main, il serait fâcheux de le gâcher avec un tonic industriel, bourré de sucres et d’arômes artificiels.
Car oui, le renouveau du gin a été possible également à la faveur de l’essor des tonics haut de gamme, comme la gamme Fever Tree. La marque anglaise propose uniquement des tonics à base d’arômes naturels, sans sucre ajouté. Tester cette alliance, et ce sont tous les codes de votre apéro qui vont être chamboulés.
Savoir bien doser son gin tonic est également important. En général, une part de gin pour deux parts de tonic permet de profiter au mieux des qualités de votre spiritueux. N’oubliez pas de le décorer d’une belle tranche de citron.
Dry Martini
« Shaken, not stirred. » Il est bien gentil James Bond, d’avoir démocratisé le Dry Martini. Mais il aurait pu prendre le temps de réfléchir, et de se rendre compte que shaker ce nectar est une hérésie. Encore plus si vous possédez un gin premium. Trop de dilution, et tous les arômes du gin se confondent dans un océan d’eau glacé. C’est pourquoi, à l’origine, le Dry Martini est une boisson que l’on prépare au verre à mélange.
Concrètement, le Dry Martini est le cocktail qui met votre gin sur un piédestal. Enfin, tout dépend du choix des ingrédients. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne vous en faut que deux pour mener à bien cette entreprise : un gin et un vermouth dry. Plus le premier est complexe, plus il vaut mieux que le second soit « neutre ». Si vous en choisissez un trop expressif, il pourrait grappiller sur les qualités de votre gin. Un Dolin Dry est parfait pour laisser votre spiritueux en paix.
Quant au verre à mélange, si vous n’avez pas la chance d’en posséder un, voici une astuce. Prenez un grand pot de confiture vide qui traîne dans votre placard. Rincez-le, séchez-le, et remplissez-le de glace, la plus sèche possible. Versez 5 cl de votre gin, puis 1 cl de vermouth dry. Prenez une grande cuillère, et faites tourner rapidement la glace pendant 20 à 25 secondes. Avec une passoire à thé, filtrez le contenu dans un verre à martini, ou bien un verre à vin. Quelques ajustements seront peut-être nécessaires pour apprécier votre gin. Certains Dry Martini sont même meilleurs sans vermouth.
Vous avez toutes les clés pour déguster un gin comme un pro. Évidemment, faites-le de manière responsable. Aussi bon soit-il, le gin est à consommer avec modération, et l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Bonne dégustation !
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