Ce blog réclamait un postmortem de ce qui s'était passé durant l'épidémie. Aurait-il été entendu, par France Culture ? Mercredi, elle consacrait une journée à la question. La méthode scientifique, en particulier, évoquait le sujet de la recherche et de la médecine. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'était pas clair. Les journalistes semblaient faire référence à une réalité qui ne m'était pas connue. Voici ce que j'ai retenu, ou, plutôt, les questions que cela m'a posées :
- En fait, la question est plus complexe que médecine / recherche. Il y a médecine de ville, hôpital, recherche hospitalière, recherche "pure", administration.
- La médecine de ville a été maintenue hors circuit. L'administration lui envoyait des directives de dizaines de pages, inutilisables, et a imposé aux patients de rester à la maison, alors qu'ils auraient eu besoin de soins médicaux. Il y a un retour à la normale : la médecine est essentiellement une question de diagnostic sans a priori.
- "La recherche qui a marché" est une recherche empirique. Ce que la médecine hospitalière observait ressemblait à ce que l'on voyait dans d'autres maladies. Elle a testé les traitements qui marchaient dans ces cas. Cela aurait réduit par deux le taux de mortalité. L'efficacité de cette recherche vient du lien hôpital / CHU : les "intuitions" sont validées scientifiquement.
- Ce que l'on appelle "recherche" est probablement celle faite en laboratoire. Il y aurait eu croyance en un "Magic bullet", qui aurait éliminé radicalement la maladie, et ce dès mai. (Ce "bullet" aurait-il été le vaccin ? En tout cas, si j'ai bien compris, si cela avait été le cas, cela aurait une première dans l'histoire de la médecine.)
- Finalement, il y a été beaucoup question d'un sujet que j'avais oublié : la cloroquine. Apparemment, beaucoup de gens voulaient de la cloroquine, et elle était prescrite par une partie du corps médical. Cela aurait fait échouer les tests français pour déterminer l'efficacité de divers traitements. Il y avait quelque-chose d'étrange dans la rancoeur des participants, car la démarche du Pr Raoult ressemblait à l'approche empirique qu'ils avaient louée auparavant. Décidément, cette affaire est curieuse.
- Les enjeux géopolitiques que représente le vaccin, traités par une émission de Christine Ockrent, n'ont pas été évoqués.
- L'administration et ses agences. Elles tendent à dicter leur comportement aux médecins, alors que la médecine est une question de doute et de diagnostic, et d'empirisme scientifique (on apprend de l'expérience) ?
- La recherche, désormais aux mains du marché. Comme le rappelait le PDG de Moderna, les enjeux financiers que représente un vaccin sont colossaux. Cela introduit un biais dans la recherche scientifique, qui n'est pas bon pour l'intérêt collectif, et pour les finances publiques ?