BACK TO BEFORE AND ALWAYS .....Patti Smith

Publié le 08 octobre 2020 par Concerts-Review

BACK TO BEFORE AND ALWAYS

Patti Smith - Privilege (Set me free) extrait de Easter 1 978

En 78 après l'explosion punk, je suis à l'affût de tout ce qui tonne (avec le sourire ou pas comme l'acteur Keaton, oups!) et qui sonne. Au lieu d'internet pas encore inventé, je développe mon réseau capillaire de potes branchés.

Le mercredi midi, nous galopons jusqu'au 'Cheval Blanc' pour retrouver notre serveur et mettre 1 ou 2 pièces dans le jukebox (Deezer avant l'heure). Place au vote pour l'élection du meilleur nouveau groupe de la semaine (ou du siècle)!

En cette période, nous plébiscitons 2 titres "Fade away and radiate" de Blondie et "Privilege" de Patti Smith.

Auparavant, 'Horses' sorti en 75 annonce déjà le bon cheval et 'Gloria', écrit par Morrison (Van pas Jim, pourtant d'une même sensibilité poétique), fait bien sonotoner les cloches lettre par lettre ('G' 'L' ...).

Patti aime Rimbaud mais s'entoure de Verlaine (Television) et de Lanier (Blue Oyster Cult) qui inspirent sans doute le titre la mer(de) tant ils se pouillent pour le cœur de la belle.

Le suivant 'Radio Ethiopia' contient de superbes compositions mais la poétesse prend l'habitude de faire de longs morceaux foutraques, expression de ses délires un peu déroutants.

Le 3è album, 'Easter' trouve sa voie et ne déboussole plus personne grâce à sa cohérence et sa détermination.

Sur un fond marron, la pochette présente la Patti (pourtant en mouvements gracieux... oups!), bras levés, les mains glissées négligemment dans ses cheveux, le geste permettant d'apprécier son épilation.

Un peu débraillée dans un top à fines bretelles, aussi léger que sa silhouette en liberté farouche, elle arbore simplement, un bracelet et un collier très discrets.

Son nom attribué à 'group' en minuscules et le nom de l'album en majuscules prennent une couleur rosée.

Produit par Jimmy Lovine, l'œuvre frappe d'entrée jusqu'à la victoire hargneuse ('Till Victory').

L'extraordinaire collaboration avec Springsteen pour 'Because the night' (la 'boss' du rock!) donne le la, et toute les partitions obtiennent la note maximale!

'Privilege', tiré et personnalisé à partir de la musique du film du même nom (1967), ouvre la 2è face.

Le christianisme, très présent chez l'artiste ('Easter' signifiant 'Pâques'), possède totalement ce morceau qui démarre en marchant sur des braises comme sur des œufs.

Un orgue d'église lancinant et un chœur lancent la cérémonie, puis la voix, profonde, transporte et porte une parole plaintive. Cependant, il s'agit d'une messe rock, la batterie l'atteste par 2 coups de grosse caisse et de flagrants roulements.

La voix balance jusqu'au refrain brûlant et glaçant qui réclame une raison de vivre 'Give me something, something to give oh God give me something a reason to live... Come on and love me come on set me free' dans un écrin de guitares discrètes.

Vient le psaume 23 au bord des lèvres tout naturellement et sans cassure. Puis la frappe leitmotiv rappelle durement Dieu à l'ordre. 'Hey Lord I'm waiting for you' tremble la voix avant de revenir au refrain comme une évidence.

'Set me free', libère moi, répète, à double voix et avec ferveur, la si jeune perdue 'I'm so young so goddamn young' puis à nouveau le psaume 23 qui s'évanouit dans une conviction d'existence ... bon Dieu, me voici! 'Goddamn, Goddamn Here I am'

La passion de Patti Smith... la messe est dite en 3'33, bouleversant!

Quelques années plus tard, au milieu des remparts de St Malo la Jeanne d'Arc du rock m'impressionne autant par sa simplicité et sa gentillesse hors scène que par sa virulence et son intensité sur scène.

Ni une saint,e ni un ange, ni un démon, elle vit son œuvre dans la vérité et la sincérité.

Autant de raisons de s'en souvenir dans la postérité!