En progression constante depuis de longues années, le commerce en ligne a connu un fort pic de croissance à l'occasion de la pandémie. Malheureusement, cette tendance s'accompagne (logiquement ?) d'une hausse considérable de la fraude. En réponse, la danoise Danske Bank adopte désormais une démarche proactive inédite.
C'est à un segment particulier de la vaste palette de malversations se propageant sur le web que s'attaque l'établissement, à savoir les fausses e-boutiques. Souvent installées à l'autre bout du monde, elles séduisent les consommateurs trop peu méfiants avec des offres mirobolantes… qui se transforment, après règlement, en commandes jamais livrées, en produits contrefaits… et, éventuellement, en coordonnées bancaires piratées. Avec plus de 150 000 sites de ce genre signalés aux autorités danoises et 14% de la population ayant déjà visité l'un d'eux, le phénomène mérite d'être pris au sérieux.
Le principal obstacle rencontré dans la lutte contre ces arnaques réside dans le délai nécessaire à l'action judiciaire pour y mettre un terme, surtout dans le cas – le plus fréquent – des plates-formes hébergées dans un pays lointain. Tant que la procédure n'a pas abouti et la fermeture des sites incriminés prononcée et exécutée, et quand bien même des alertes génériques sont émises (encore faut-il y être exposé !), les victimes continuent à affluer et subir l'escroquerie, sans moyen simple de recours.
Voilà justement où s'insère l'intervention de Danske Bank. En collaboration avec e-mærket, le spécialiste local de la certification des acteurs du e-commerce, elle prend ainsi la responsabilité de bloquer préemptivement les tentatives de paiement de ses clients sur les espaces marchands, de toutes origines, dont ce dernier a identifié le caractère illégal et a transmis le dossier aux services de police. Les internautes sont donc protégés dès la détection du délit, sans attendre le traitement complet des plaintes déposées.
Naturellement, la mesure paraît brutale. L'interdiction totale de finaliser sa commande risque de frustrer l'utilisateur, en lui laissant l'impression que sa banque l'empêche abusivement de conclure une bonne affaire. Il serait probablement judicieux de compléter le dispositif avec une explication circonstanciée, convoyée par exemple par l'intermédiaire d'une notification (de préférence sur mobile, pour l'instantanéité), qui pourrait en outre contribuer à l'éducation et la prévention contre la cybercriminalité en général.
Il en est de la sécurité et de la protection des finances personnelles comme des autres domaines couverts par la banque : les approches de conseil générique (« ce que votre banque ne vous demandera jamais », « les signes qui doivent vous inciter à la prudence »…), à l'efficacité limitée, ne suffisent pas. Celle qui se préoccupe réellement de son client (et de son bien-être) doit aussi être à ses côtés en toutes circonstances, toujours prête à lui fournir une recommandation pertinente à chaque moment opportun, qu'il s'agisse d'alerter sur un danger imminent ou de suggérer un nouveau produit.