Article publi-rédactionnel
Troisième et dernier article de notre série sur le patrimoine verrier français, nous nous intéressons à Émile Gallé, maître de l’École de Nancy et l’un des fondateurs majeurs du verre Art nouveau en France.
L’École de Nancy, une école engagée au service de l’expertise
À l’aube du XXème siècle, Nancy devient la capitale française de l’Art nouveau.
À la fin du XIXe siècle, un mouvement artistique en rupture avec les styles historicistes et en réaction à l’appauvrissement des formes dû à l’ère industrielle, se répand en Europe. Il s’agit de l’Art nouveau.
Cet art, qualifié d’art total, concerne tous les objets du quotidien, qu’il s’agisse d’une pièce unique ou d’une production en série, d’un élément décoratif ou structurel.
Nancy, 1000 ans d’histoire
Après l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Moselle par l’Allemagne, Nancy se retrouve ville frontière avec une immigration massive d’artistes, d’industriels et d’une main d’oeuvre hautement qualifiée. Cette situation forme donc le terreau idéal à un élan créatif sans précédent à l’époque.
En 1901, Émile Gallé décide donc de déposer les statuts de l’association «École de Nancy» ou «Alliance Provinciale des Industries d’Art» avec pour mission de développer l’enseignement artistique en lien avec les activités locales. Tous les domaines sont concernés: architecture, verre, faïence, métal, etc.
L’artiste penché à reproduire la fleur, l’insecte, le paysage, la figure humaine et qui cherche à en extraire le caractère, le sentiment contenu, fera une œuvre plus vibrante et d’une émotion plus contagieuse que celui dont l’outil ne sera qu’un appareil photographique, qu’un froid scalpel.
Émile Gallé
Émile Gallé, céramiste, ébéniste mais aussi scientifique
Émile Gallé est surtout connu pour ses oeuvres en tant que maître verrier. Cependant, véritable touche-à-tout, il se forme également à la céramique à la Faïencerie de Saint Clément et à l’ébénisterie.
Mais c’est sans conteste ses travaux scientifiques, bien que méconnus du grand public, qui en font un homme d’exception. En effet, Émile Gallé est un précurseur en génétique et théorie de l’évolution pour le monde végétal, ses trouvailles précédant celles de Gregor Mendel (le moine catholique, père de la génétique moderne avec ses expérimentations sur les petits pois, entre autres NDLR).
Sa volonté toujours plus forte d’imiter la nature et ses formes dans ses créations avec des stries, des noeuds, des éclats ou encore des reflets est ce qui a créé son succès. L’Exposition universelle de 1878 lui permet de décrocher quatre médailles d’or et de se faire connaître mondialement. En 1889, il reçoit le grand prix de l’Exposition universelle et est promu officier de la Légion d’honneur.
Plus rien ne semble l’arrêter. Il voyage en Europe et aux États-unis, reçoit plusieurs récompenses, une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1900. Plusieurs centaines d’artistes et ouvriers travaillent pour lui.
Il décèdera cependant en 1904, à 60 ans, selon toute probabilité d’un empoisonnement du sang aux métaux lourds.