Le fournisseur de technologies Instanda s'est livré à une enquête passionnante auprès de 500 professionnels (britanniques) de l'assurance, son secteur de prédilection. Il en ressort une surprenante ambiguïté dans leur perception de la capacité des systèmes d'information existants à accompagner leurs stratégies.
Au premier abord, la situation semble pourtant sous contrôle, sinon totalement satisfaisante, puisque presque la moitié des personnes interrogées estiment que les infrastructures répondent « à peu près » – le nombre de ceux qui sont totalement confiants n'est hélas pas précisé – aux besoins de combler les attentes des clients, de supporter de nouveaux produits, d'améliorer la rentabilité… Bien entendu, ce jugement en demi-teinte devrait alerter les dirigeants, mais il porte en lui l'absence d'urgence.
En revanche, lorsque les questions portent sur leur organisation en général, l'équilibre s'inverse sensiblement : plus de 50% des sondés considèrent que l'informatique a fait rater des opportunités de croissance à leur entreprise ou génère un impact négatif sur sa réputation et sa marque. Il sont autant à regretter que plus d'efforts ne soient pas engagés dans la modernisation des systèmes historiques mis à leur disposition, qu'ils jugent frustrants. Autrement dit, ils remplissent leur rôle mais pas de manière optimale.
Le relatif aveuglement des premiers concernés, à savoir les responsables informatiques, constitue en outre un facteur aggravant du risque relevé par l'enquête. Ils sont en effet plus souvent convaincus – l'écart atteint 10% – que leurs homologues de « première ligne » (des directions en charge du marketing ou des produits) de la faculté de leurs outils à mettre au point et lancer rapidement de nouvelles solutions, à contribuer à conquérir des parts de marché, à séduire les clients de la génération « digitale »…
En réalité, l'industrie financière dans son ensemble (à quelques rares exceptions près) s'enfonce dans une forme de déni dont il deviendra toujours plus difficile de s'extraire. Ainsi, l'existence même de ses acteurs repose sur un immense capital logiciel, accumulé au fil des années, dont l'ampleur rend quasi inimaginable le remplacement. Alors, il ne reste qu'à se résoudre à croire qu'il est parfaitement adapté aux exigences d'aujourd'hui et de demain, quitte à lui adjoindre quelques composants supplémentaires, plus modernes… qui ne font, finalement, qu'amplifier et complexifier le problème de fond.