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Rétrospective – La saga Hannibal Lecter, dévorée toute crue

Publié le 05 octobre 2020 par Linfotoutcourt

Alors que trois films de la saga dédiée au célèbre Hannibal Lecter sont simultanément disponibles sur Netflix et Amazon Prime, retour sur une franchise lucrative qui n'aura malheureusement pas su conserver la superbe de ses débuts.

Hannibal Lecter, le fameux docteur cannibale né de l'esprit de l'auteur Thomas Harris à réussi son passage au cinéma, jusqu'à devenir l'un des seconds rôles et antagonistes les plus marquants du grand écran. Le tueur s'est directement imposé comme l' un des méchants les plus adorés de la pop-culture. Tombé dans les mains du grand producteur Dino de Laurentiis, ce dernier a directement senti le filon en lançant une franchise lucrative. Cette dernière a vu se succéder des réalisateurs aussi talentueux que simples faiseurs, dans une pente descendante allant de la viande saignante et bien juteuses au simple bout de gras insipide.

Rétrospective – La saga Hannibal Lecter, dévorée toute crue
© Orion Pictures Corporation

Manhunter, où le 80's sens

Notre critique complète de Manhunter - Le Sixième Sens

Mais avant le succès de la saga, il y eut le vilain petit canard de la franchise, sorti en 1986 et aujourd'hui rebaptisé Manhunter. D'abord baptisé le Sixième Sens, le film s'est vu purement et simplement effacé des mémoires par les succès consécutifs du Silences Agneaux et du Sixième Sens, encore lui, cette fois réalisé par un certain M.Night Shyamalan. Pourtant réalisé par Michael Mann, l'interprétation du célèbre docteur cannibale par Brian Cox est vite remplacée dans le cœur des cinéphiles par l'inénarrable ironie funeste d' Anthony Hopkins qui portera ensuite deux autres films sur sa seule présence.

Si le film demeure imparfait, notamment à cause de son scénario attendu et de ses stigmates 80's qui nuisent à la puissance de l'enquête, Michael Mann avait sû étaler son génie de la mise en scène. Il sera d'ailleurs repompé allègrement dans certaines scènes par le tâcheron Brett Ratner, dans sa longue sieste baptisée Dragon Rouge, adaptée du même ouvrage. Ayant su s'emparer du côté voyeuriste tout puissant évoqué dans le roman de Thomas Harris, Manhunter était de plus, porté par des acteurs charismatiques, dont un William Petersen parfait en Will Graham, dévoré par le trouble de son métier de profiler.

Manhunter est disponible en combo DVD + Blu-ray en version Director's cut.

Rétrospective – La saga Hannibal Lecter, dévorée toute crue
© De Laurentiis Entertainment Group, Red Dragon Productions SA

Le Silence des Agneaux, haute couture

Notre critique complète du Silence des Agneaux

Puis il y eut un heureux hasard auquel personne ne croyait, baptisé Le Silence des Agneaux. Porté par deux acteurs pas très bankables, le film de Jonathan Demme récolta 5 Oscars et lança à lui seul une véritable franchise. Thriller féministe bien en avance sur son temps, LeSilence des Agneaux ne se contente pas d'adapter avec brio le livre de Thomas Harris mais transforme l'essai, aidé par le formidable scénario de Ted Tally.

Dans un admirable jeu de masques où personne ne revêtit celui qu'on croit, le film de Jonathan Demme épouse la quête de son véritable personnage principal : Clarice Sterling, porté par la prestation époustouflante de Jodie Foster. Véritable quête d'affirmation au cœur d'un monde peuplé de figures masculines toxiques terrifiantes, Le Silence des Agneaux est habité par la présence de deux créatures aussi fascinantes qu'horribles qui incarnent à elles seules le monde masculin dans ses extrémités les plus radicales.

Le Silence des Agneaux est disponible à la location et en DVD.

Rétrospective – La saga Hannibal Lecter, dévorée toute crue
© Orion Pictures Corporation

Hannibal, viande mi-cuite

Notre critique complète de Hannibal

Après l'énorme succès du Silence des Agneaux, la production de la suite est plus que compliquée. Véritablement lancée par la parution de l'ouvrage de Thomas Harris en 2000, Jodie Foster annonce ne pas vouloir reprendre le rôle de Clarice Sterling car elle ne reconnaissait pas le personnage qu'elle avait su brillamment incarner à l'écran. Jonathan Demme, réalisateur du précédent film, quitte le projet mais assure qu'il fera revenir un Anthony Hopkins qui veut prendre sa retraite. Julianne Moore est casté, l'acteur reprendra bel et bien son rôle et Ridley Scott se chargera de la réalisation.

Mais Hannibal, malgré ses ambitions folles, ses allers-retours entre deux pays est bien trop sérieux dans son traitement du personnage d'Hannibal Lecter au mépris de celui de Clarice Sterling, ici relayé à un bras armé. Le film, malgré son casting monstre et la présence d'un Gary Oldman dont le maquillage fait froid dans le dos, ne sait jamais quoi faire de ses lourdes thématiques et de ses personnages. Au final, ce thriller verbeux ne se retrouve que dans une conclusion enfin resserrée sur ses personnages. Une semi-déception, mais énorme succès au box-office.

Rétrospective – La saga Hannibal Lecter, dévorée toute crue
© Metro Goldwyn Mayer (MGM), Universal Pictures Scott Free, Productions, Dino De Laurentiis Company

Dragon Rouge, le buffet froid

Notre critique complète de Dragon Rouge

Dino de Laurentiis veut absolument revenir fouiller dans le passé du personnage. Il souhaite le présenter avant son emprisonnement et sa cavale. L'idée lui vient alors d'adapter pour la seconde fois Dragon Rouge après le Manhunter de Michael Mann. Cette fois réalisé par Brett Ratner, sorti des succès consécutifs de Family Man et de Rush Hour, le film recaste Anthony Hopkins dans le rôle du célèbre docteur cannibale ainsi qu'un superbe casting (Edward Norton, Ralph Fiennes, Harvey Keitel, Emily Watson et le regretté Philip Seymour-Hoffman) pour un simple robinet d'eau tiède.

Se contentant parfois de voler quelques plans à Michael Mann, Dragon Rouge ne fait d'Hannibal Lecter qu'un second rôle de luxe. N'insufflant au personnage, comme au reste de son casting, aucune véritable profondeur, il n'offre aux acteurs qu'une présence minimum à assurer. Si l'ensemble peut s'avérer frustrant, le film ne suscite cependant rien d'autre qu'un ennui poli, avec rien de bien alléchant à se mettre sous la dent.

Rétrospective – La saga Hannibal Lecter, dévorée toute crue
© Universal Pictures, Dino De Laurentiis Company, MGM, Mikona Productions, GmbH & Co. KG, Pan Productions, Scott Free Productions

Hannibal Lecter : Les Origines du mal, viande avariée

Notre critique complète de Hannibal Lecter : les Origines du Mal

L'obsession du producteur Dino de Laurentiis pour le passé du personnage ne s'est cependant pas calmée avec le succès au box-office de Dragon Rouge. Lançant la production d' Hannibal Lecter : Les Origines du mal avant même la publication du livre de Thomas Harris , l'auteur, attaché à l'adaptation a tenu à écrire lui même le scénario et à participer au processus créatif du film auprès du réalisateur de l'acclamé Jeune fille à la perle, Peter Webber. Un jeune acteur français remarqué dans Un Long Dimanche de fiançailles, Gaspard Ulliel, est alors choisi. Le tournage peut, malgré la réticence de ce dernier à se lancer dans une grosse production hollywoodienne, débuter.

Hannibal Lecter : Les Origines du mal, n'a plus rien de l'ironie mordante du personnage découvert dans Le Silence des Agneaux. Etonnamment sérieux malgré son récit abracadabrantesque, le film de Peter Webber ne se démonte jamais face à ses énormes ambitions. Convoquant le mélodrame historique, le thriller et le film d'action, Hannibal Lecter : Les Origines du mal ne demeure au final qu'une série Z drôle à son propre insu.

Débutée par de la viande saignante, la saga se termine au cinéma en navet.

Rétrospective – La saga Hannibal Lecter, dévorée toute crue
© Dino De Laurentiis Company, Young Hannibal Productions, Carthago Films, ETIC Films, Ingenious Film, Partners, Quinta Communications, Zephyr Films

Hannibal, Dragon Rouge et Hannibal Lecter : Les Origines du mal sont disponibles sur Netflix et Amazon Prime Video.


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