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Bernard Laporte : Oh capitaine, mes capitaux !

Publié le 03 octobre 2020 par Levestiaire @levestiaire_net
Bernard Laporte n'est donc pas complètement responsable de tous les maux du rugby français à en juger par sa relative popularité auprès de ses pairs. Mais seulement de 99% d'entre eux. Plus ? Bernard Laporte : Oh capitaine, mes capitaux ! Personne n'a jamais vraiment été capable de dire qui était Bernard Laporte. Un joueur moyen, un sélectionneur incompétent ? Un ministre incompétent ? Un escroc incompétent ? L'entraîneur du champion d'Europe le plus riche de l'histoire du Top 14 Laporte de sortie ? Un président de fédération incompétent ? Difficile à définir, mais une chose est sûre, il est Bernard Laporte, il a été réélu et tout le monde a entendu parler de lui.

Tout part souvent d'une notice Wikipedia. Joueur, entraîneur, dirigeant, homme d'affaires : le monde du rugby lui a tout donné, il a tout pris. Médias, affaires, politique, humanitaire, quand on est bon nulle part, on peut quand même être nul partout. Partout sauf dans les démêlés judiciaires. Là, une fois n'est pas coutume, il est champion du monde. Il serait caricatural de réduire Bernard Laporte à des têtes de chapitre, car à 20 ans il a eu un accident de voiture. Le tournant de sa vie, dit-il. Sans cet épisode, aurait-il connu avarice, colère, luxure, envie, orgueil, gourmandise et paresse ? Les sept techniques de pêche aux capitaux. Sans cet épisode, serait-il devenu un homme honnête, discret, humble et généreux ? Aurait-il eu ne serait-ce qu'une sélection en équipe de France de rugby quand ses partenaires girondins les plus célèbres se paraient de bleu pour vivre les fins de semaine printanières.

C'est le premier exploit de Bernard : porter un bout de bois en triomphe sans que personne ne s'intéresse à lui et finir plus célèbre que le Christ, en tout cas que Gimbert, Simon et même Moscato. Vincent Moscato, son ami comédien, animateur radio et humoriste qu'il retrouvera au Stade Français pour sa deuxième vie. Celle du fric tout puissant, le monde pro. Ou comment un club moribond devient la meilleure équipe d'Europe grâce à son centre de formation : NRJ. C'est donc fort logiquement que 10 ans plus tard, Bernard Laporte portera plainte pour escroquerie. Personne ne l'avait prévenu qu'on ne joue pas au rugby qu'avec des billets.

Ne pas savoir utiliser un ballon ovale c'est parfois plus utile qu'une école de commerce. Ca mène à tout. Même à la prison ?

C'est ça, de mal connaître ses fondamentaux : on se retrouve à la tête de l'équipe de France pendant 8 ans et on fait d'un finaliste de Coupe de monde explosant les Blacks sur le terrain du jeu, un double demi-finaliste de Coupe du monde dont la phase de conquête la plus connue restera le décrochage de la mâchoire d'un Néo-zélandais par le joueur que Laporte détestait le plus. Son principal concurrent marketing. Un dénommé Chabal parfois surnommé le plus grand des Enfoirés, surtout aux Restos du Coeur. Pas que ? C'est son deuxième exploit. S'il n'a pas su aligner d'arrières, il a pris soin d'assurer les siens. Avant de rejoindre Toulon sans arrières pensées, il est devenu Secrétaire d'Etat, un poste qui peut aider par ses fréquentations à maîtriser le vocabulaire technocratique de la justice : " tentative de racket ", " présomptions de détournements d'actifs ", " dissimulations de recettes d'établissements ", " majoration artificielle des charges ", " double comptabilité ", " travail au noir " ou simples " irrégularités fiscales. Il sait même pleurer quand il sort de garde à vue après des soupçons de conflit d'intérêt.

Puis cet honnête homme est enfin redevenu officiellement ce qu'il était déjà officieusement : l'homme le plus puissant du rugby français. Sans favoritisme aucun.


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