Qu’il y ait des pans entiers des principes républicains qui ne soient pas respectés par une partie de la population, c’est évident et pas nouveau. Aussi, que les politiques français prennent le problème à bras-le-corps est une nécessité que tout le monde attend. Pour autant, il ne faudrait pas, en voulant légiférer sur la question, se tromper de cible et trouver de nouveaux boucs émissaires. C’est pourtant ce que s’apprête à faire le gouvernement.
On avait déjà eu le coup d’épée dans l’eau avec les certificats de virginité, donnant l’impression de lutter contre ce nouveau mais néanmoins fameux "séparatisme", le ministère de l’Intérieur avait déclaré à cor et à cris qu’il allait désormais être très vigilant et les interdire. Mesure spectacle qui au bout du compte apprend-on, ne concerne que quelques dizaines de femmes chaque année.
Maintenant, ce sont les 50.000 enfants déscolarisés et leurs familles qui sont dans le viseur du gouvernement. Pour lutter contre le séparatisme islamiste, le président Macron n’a pas trouvé mieux que d’interdire purement et simplement, à quelques exceptions près heureusement, l’école à la maison!
Quel rapport me direz-vous? Tout d’abord, rappelons que chaque année, le nombre des enfants déscolarisés augmente. Cela constitue-t-il une menace pour la République? Depuis la loi de 1882 sur l’instruction obligatoire, les familles françaises peuvent faire le choix de confier la scolarisation de leurs enfants à un établissement idoine ou alors de l’assurer elles-mêmes à domicile. Le président Macron, qui veut certainement entrer dans l’histoire, a choisi pour cela de réformer la constitution en touchant encore aux libertés individuelles des Français. Mais d’après le gouvernement, le Conseil constitutionnel n’aurait jamais jugé que l’instruction en famille était une composante de la liberté d’enseignement. Pourtant, "la possibilité d’instruire les enfants à domicile est écrite noir sur blanc dans la loi de 1882 de Jules Ferry… On peut donc considérer que c’est devenu, au fil du temps, une tradition républicaine. Et à ce titre, être élevé au rang de liberté fondamentale précise le professeur agrégé de droit public, Bernard Toulemonde.
Il est vrai que la France peut être fière des résultats scolaires de ses enfants ! Une étude ne vient-elle pas justement d’être publiée sur les performances en baisse en mathématiques chez les élèves de CM2 en 2019? La France est par conséquent prête à intégrer dans le système 50.000 élèves supplémentaires, en y mettant évidemment les moyens? Alors, en admettant, comme le précise le ministre Blanquer que parmi ces derniers, il y ait 2 à 3.000 jeunes "pouvant poser problème et suivis de près", pourquoi y amalgamer les 47.000 autres? Puisque le ministre lui-même précise qu’ils sont connus et suivis.
N’y aurait-il pas un amalgame opéré entre certaines écoles hors contrat qui sont surveillées nous dit encore Jean-Michel Blanquer, qui rappelle que depuis deux ans, une loi néanmoins, facilite les contrôles en amont de l’ouverture des établissements?
Le président Macron sait-il que la moitié des enfants scolarisés à la maison, le sont pour des raisons de santé? Ces raisons concerneront-elles les élèves victimes de harcèlement, de phobie scolaire, les nombreux dyslexiques plus ou moins reconnus comme handicapés, ceux en échec scolaire ou tout simplement inadaptés au système?
Ces mesures spectacles montrent l’extrême difficulté qu’a le gouvernement à lutter contre l’islamisme radical. Il faut un vrai travail de fond qui passera n’en doutons pas, par l’éducation. Et ce n’est pas en touchant aux libertés individuelles de tout un chacun, que le président Macron relèvera ce défi. A cette façon de tourner autour, on voit combien ces mesurettes montrent que le problème est difficile à résoudre.