Critique La Daronne : Drogue douce

Publié le 01 octobre 2020 par Linfotoutcourt

La Daronne, c'est Isabelle Huppert dans la peau d'une dealeuse devant la caméra de Jean-Paul Salomé, qui adapte ici le roman éponyme d'Hannelore Cayre. Pour une livraison étonnamment sympathique.

La Daronne avait de quoi susciter une certaine méfiance. Réalisé par Jean-Paul Salomé, à qui l'on doit notamment l'horrible Belphégor, le fantôme du Louvre, le film est cependant porté par Isabelle Huppert. Si cette dernière retrouve ici un genre qu'elle n'avait pas arpenté souvent, lui ayant préféré des films volontiers plus auteuristes où sa présence glaciale déviait parfois vers l'auto-parodie (comme dans le récent Greta de Neil Jordan), Isabelle Huppert est ici impeccable, prouvant une fois de plus, s'il fallait en douter, de son monstrueux talent. Affublée d'un voile et parée de lunettes noires, l'actrice pétille véritablement et le moins que l'on puisse dire, c'est que son plaisir est communicatif.

© Le Pacte, Les Films du Lendemain, La Boétie Films, Scope Pictures

Miss Good Deal

La Daronne suit la vie de Patience Portefeux, interprète franco-arabe pour le compte de la Police qui va décider d'aider le fils de l'infirmière de sa mère pour se lancer dans un important trafic.

Et ce qui étonne en premier lieu, c'est l'efficacité du film. Tenu de bout en bout et porté par une galerie de personnages à la fois touchants et hilarants, le film de Jean-Paul Salomé se teinte même d'un léger côté amoral qui lui sied parfaitement. Si La Daronne paraît facilement comme le meilleur film de son réalisateur, c'est aussi que l'on y trouve le nom d'Hannelore Cayre, auteure du roman et également co-scénariste, qui adjoint ici son talent, faisant de La Daronne une comédie aussi sympathique que son roman éponyme.

© Le Pacte, Les Films du Lendemain, La Boétie Films, Scope Pictures

Femmes stupéfiantes

Parce que le film, derrière son ton volontiers outrancier sur certains aspects, dépeint formidablement des portraits de femmes qui doivent se débattre pour survivre et exister. Si le thème était cher à Jean Paul Salomé qui a réalisé des portraits malheureusement souvent ratés avec Braqueuses et Les Femmes de l'Ombre, il parvient enfin à dédier à la gente féminine un film convaincant. Veuves, délaissées et véritables combattantes qui useront de la bêtise des hommes pour s'en sortir, La Daronne signe même une belle histoire d'amour platonique co-interprétée par le très juste Hippolyte Girardot.

Parce que le film ne se prend jamais véritablement au sérieux que lorsqu'il nous parle de femmes battantes en se servant intelligemment de son côté outrancier et légèrement amoral pour le transformer en une comédie aussi efficace qu'attachante, La Daronne réussit parfaitement sa commande. En arrivant à distiller une certaine tension autour d'une galerie de personnages masculins aveugles et opportunistes, le film de Jean-Paul Salomé demeure le parfait exemple d'une comédie populaire réussie. Garantie sans enfumage.

La Daronne est sorti le 9 septembre.