Encore un jour avec le livre de Franck Bouysse, Buveurs de vent.
Ce livre est écrit dans un monde où il est précédé d’autres écrits. Ce n’est certes pas le seul dans ce cas et des auteur.e.s ont souvent repris des textes dans leurs propres paragraphes. Ici, quand ces textes antérieurs arrivent, Franck Bouysse cite leur origine mais ce ne sont pas des citations qui viendraient argumenter : ils sont partie prenante du récit. Un dialogue construit avec Shakespeare, un psaume, un extrait de l’Apocalypse, un poème de Walt Whitman (traduit par Jacques Darras), L’Île au trésor de Stevenson… Puisque c’est une fiction, ce récit fait feu de tout bois. L’auteur est celui qui « laisse venir une suite de mots », et donne la parole à celles et ceux qui racontent l’histoire pour en faire une histoire commune. Ainsi, entre un prologue de quelques pages et un épilogue plus court, se déroule un récit à plusieurs voix ou plutôt depuis plusieurs points de vue, récit semblant naître de la rivière et faisant office de réalité, coulant de plus en plus vite comme la rivière au-dessus de laquelle quatre enfants se suspendent à l’heure où passe l’histoire pour la sentir vibrer en eux-mêmes, et pour que nous la sentions vibrer en nous-mêmes.