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(Anthologie permanente) Dagmara Kraus, 2, choix et traductions inédites de Jean-René Lassalle

Par Florence Trocmé


Dagmara Krausçatodas

trois langues sont trop grandes pour ta bouche mon enfant
mâche ici leur croûte et muscle-toi la langue, gardes
en des formules, bien tu te les sers, mais tłusteste faut éviter
tu le savais déjà, adonc
trois langues sont trop grandes pour ta bouche mon enfant
l’une se terre encore tordue dans ta gorge tandis que les autres
visent les cousues tantes amies comme antan celles de
liza stara sur banc de baraque à la parade rara
trois langues sont trop grandes pour ta bouche mon enfant
si tu exprimes widder tu uses trop de salive
quand tu énonces wichurę, désignes clopins de pluie
empruntes ton mix à trois familles, brusquant du fruste
aux fleurs-de-lilas, tu extirpes les changelins
enfants de coucous, écorcheurs de bülbüls, décortiquant
d’entre trois langues des motins, tu malboulonnes en protocréole
quelque syntactique synku qui jamais s’ajointerait
fi marastre beste, tu as grave escroqué ton enfant
de la langue maternelle une ; tout trois fois, 3x strachy
3 ça-to-das, trinitaire tu tombes dans les fentes à fautes
enfançon, se fourche ta langue : vater, quoi to ist ? - équateur
Source : Dagmara Kraus : Liedvoll, deutschyzno, kook 2020. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle
çatodas

drei sprachen sind zu groß für deinen mund, mein kind
kau dir an der kruste hier muskeln an, nimm
an floskeln tuste gut daran, te tłusteste zu meiden  
ah, das wusstest du schon, na dann -
 
drei sprachen sind zu groß für deinen mund, mein kind
die eine hockt noch schief im rachen, indes die anderen
auf angenähte tanten machen, wie damals die
aus liza stara vom saalrand der parade rara
drei sprachen sind zu groß für deinen mund, mein kind
sagst du bélier, verbrauchst du zu viel spucke
meinst du wichurę, zeigst aufs regenzuckeln
und rührst dir was aus drei familien, führst krudes
durch die fleur-de-lilien und setzt dort wechselbälger aus
kuckuckskinder, bülbülschinder; wie du wörtchen
aus drei sprachen klaubst, wie du urkreol verschraubst
was syntaktisch, synku, sich nie binden ließe
pfui, du fiese mutter, biest du, arge hast dein kind betrogen
um die eine muttersprache; alles dreimal: 3 x strachy
3 ça-to-das, selbdritt fällst durchs fehlerfach
deine zunge, kindlein, splisst: père, quoi to ist, äquator
Source : Dagmara Kraus : Liedvoll, deutschyzno, kook 2020.
voix interne

l’oncle-elle octroya une horloge médiocre
lorsqu’
un gardien délaissa une unique armoire
lorsqu’
une pieuvre-lui rosie retourna au foyer
devenant père
sans voix
un phare un raifort un arbre
fraternisèrent
Source : Dagmara Kraus : kleine grammaturgie, roughbooks 2013. Original en langue artificielle volapük. Traduit par Jean-René Lassalle avec le volapük et une version allemande de Dagmara Kraus.
okopükot

of-nök ägirof zänedöfik galükiani
vüo
änedunom galedam bal blumükamatabi
vüo
omloktop redülik lomio äspatom
päbinom hipal
pänepükos
far e raf e bimil
lä od
Source : Dagmara Kraus : kleine grammaturgie, roughbooks 2013. Original en langue artificielle volapük.
delà resplendeur

delà splendide soyeux : déferlement de nuages
volée de tonnerre dans laine languide ; ton d’ionone,
louchant ; les flammulas outrecalendaires
soudain déséclaircies. – que les étoiles s’immiscent
par l’indigolithe sub rosa la nuit dans ma
maison et jamais plus du ciel morose et
fébrile n’abandonnerai ce lait de fagne aux vents.
que les étoiles parviennent entretemps, depuis l’indigolithe
à s’effondrer jusqu’ici, toutes et chacune les
fouillerai cherchant une louvoyante
gemme. (m’as-tu promis avant
mourir père dans une prompte notule qu’une
nuit où lune et lémure tanguent tu
disperserais les lumières en riant.) – delà
les lieux papillotants : extinctionstellaire,
volée de colombe incline la voûte ; ravagé
l’essaim des soleils, bréhaigne est caboche qui
quète et requiert un delà-monde. extinctes
les étoiles dans l’indigolithe, le cosmonocturne
pourtant se redorerait : un éclatement de rire
arquenciélant résonnerait du delà, orphelinant.
Source : Dagmara Kraus : Kummerang, kook 2012. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle
ennet glänzender

ennet glänzender glätte : gewölkskabbelung
ein paukenschlag in schlaffes fell; jononton,
schielend; die ennetkalendrischen zenger
jäh niedergehellt. – stiehlen die sterne
vom indigolith sub rosa sich nachts in mein
haus, ich ließe den himmel, morose und
friedlos, samt milchluch frei nie mehr hinaus.
fielen die sterne vom indigolith einstweilen
tatsächlich hier ein, suchte ich alle, und
jeden einzeln, ab nach dem schwiemenden
stein. (versprochen hast mir, bevor du
verstarbst, vater, in gäher notiz, dass eines
nachts, wenn mond und mahr taumeln,
du lachends die lichter zerstiebst.) – ennet
blinzelnder stätte : GESTIRNSAUSSCHALTUNG,
ein taubenschlag lenkt jetzt das zelt; verwüstet
der sonnenbien, güst ist die nut und ich
suche und such ennetwelt. und verloschen
die sterne am indigolith, das nachtall wär
dennoch ganz gleiß : ein schallendes lachen,
lichtbogenhaft, tönte von ennet, verwaist
Source : Dagmara Kraus : Kummerang, kook 2012.
La poète allemande Dagmara Kraus née en 1981 en Pologne et habitant à Strasbourg lira ses poèmes sur la scène du chapiteau du Marché de la Poésie de Paris le dimanche 25 octobre 2020 à 17h30.
Ce dossier est extrait d’un livre anthologique de Dagmara Kraus à paraître en français par le même traducteur.
Dagmara Kraus dans Poezibao :
Bio-bibliographie :
Extrait 1 :
Dossier et traductions inédites de Jean-René Lassalle


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