Le déploiement généralisé d'Apple Pay, désormais intégré par presque tous les établissements français, a pris plusieurs années de pédagogie et de pressions, de négociations commerciales et de mises en œuvre techniques, avec chacun d'entre eux. Depuis son lancement, Samsung Pay suit le même chemin, long et pénible, engloutissant des ressources importantes dans ces efforts, qu'il faut répliquer dans tous les pays du monde. Mais la mutation du paysage de la finance offre maintenant une autre voie.
En l'occurrence, la plate-forme bancaire distribuée sous forme de services (par API), telle que la décline Solarisbank, semble effectivement idéale pour les besoins du groupe coréen. Elle lui permet de fournir elle-même aux détenteurs de ses appareils la palette de produits dont elle a besoin pour assurer le fonctionnement de son porte-monnaie mobile, sans avoir à interagir directement avec les institutions financières existantes ni à s'engager dans la complexité de la création d'une entité spécialisée.
Pour l'utilisateur, l'expérience sera totalement transparente. Afin d'activer Samsung Pay, il sera invité à connecter le compte bancaire sur lequel il souhaite imputer ses achats (les coordonnées transmises sont simplement validées par l'intermédiaire d'une micro-transaction) puis une carte Visa virtuelle est émise instantanément par Solarisbank et installée dans l'application mobile de paiement. Par la suite, chaque opération réalisée sera compensée par un prélèvement sur le compte courant ainsi configuré.
Pour plus de flexibilité, pour mieux séduire… et, peut-être, pour convaincre ceux qui regretteraient de ne pouvoir utiliser leur carte de crédit actuelle, le système inclut en outre une option – la mode se répand décidément partout ! – de règlement échelonné (baptisée Splitpay), sur une période de 24 mois maximum, accessible en quelques clics, sur le smartphone, pendant 90 jours, sur toute dépense de plus de 100 euros.
En dépit de son caractère inédit, la méthode retenue par Samsung n'a rien d'un exploit technique. Sans même profiter (apparemment) des interfaces d'initiation de paiement imposées par la réglementation européenne (DSP2), il lui suffit de s'appuyer sur un mandat de prélèvement pour opérer, et se dégager des contraintes des banques et de leurs cartes physiques. L'entreprise peut même prétendre aux commissions d'interchange sur les transactions (mais elle rémunère la prestation de Solarisbank, naturellement).
Dans un contexte certes particulier, c'est une démonstration parfaite des opportunités du concept de plate-forme que livre ici Samsung. Plus rien n'empêche aujourd'hui un acteur sans expertise d'embarquer, très facilement, des processus financiers complets au sein des parcours et des expériences qu'il conçoit pour ses clients. Et les grands perdants de cette évolution (les émetteurs de carte dans le cas de Samsung Pay) sont tous ceux qui refusent de croire à la possibilité de créer un nouveau modèle de distribution.