DÉPRESSION : Le risque se mesure aussi à la fréquence cardiaque

Publié le 25 septembre 2020 par Santelog @santelog

C’est au Congrès virtuel de l’European College of Neuropsychopharmacology que vient d’être présenté ce dispositif relativement miniaturisé mais portable et qui offre surtout la possibilité de détecter le risque de dépression : comment ? En mesurant les changements de fréquence cardiaque. Les chercheurs de l’IMEC, un consortium international de recherche sur les nouvelles technologies, nanos et digitales, montrent, pour la première fois, que la mesure des variations de la fréquence cardiaque sur 24 heures peut indiquer de manière fiable si une personne est déprimée ou non.

 

En pratique, l’évaluation de la variation de la fréquence cardiaque pourrait apporter aux praticiens un « avertissement » à la fois précoce et objectif du risque de dépression, mais aussi, en cas de diagnostic de dépression, une indication rapide de la réponse ou non au traitement. L’auteur principal de ce nouveau dispositif, le Dr Carmen Schiweck de l’Université Goethe (Francfort) résume son principe :

« en mesurant simplement votre fréquence cardiaque pendant 24 heures, nous pouvons dire avec une précision de 90% si vous êtes déprimé ou non ».

Les scientifiques connaissaient déjà l’existence d’un lien entre la fréquence cardiaque et la dépression, mais restaient incapables de comprendre comment fonctionnait la corrélation. La difficulté à cerner le processus sous-jacent est liée au fait que si la fréquence cardiaque peut fluctuer rapidement, la dépression arrive et disparaît sur une période plus longue, la plupart des traitements prenant des mois pour faire effet. Ce décalage rend difficile de voir si les changements de l'état dépressif peuvent être liés ou non à la fréquence cardiaque. Mais ici les chercheurs recourent à 2 astuces :

  • l'enregistrement continu de la fréquence cardiaque pendant plusieurs jours et nuits,
  • l'utilisation de la kétamine, qui peut exercer un effet antidépresseur et soulager la dépression plus ou moins instantanément. La kétamine a des antécédents d’usage à la fois comme anesthésique et comme drogue récréative mais est autorisée en Europe, depuis décembre 2019 pour le traitement de la dépression majeure. Les antidépresseurs traditionnels peuvent mettre des semaines à se manifester, tandis que la kétamine agit rapidement, les résultats étant souvent observés en quelques minutes. «Nous savions qu’il se passait « quelque chose » qui relie la fréquence cardiaque aux troubles psychiatriques, mais nous ne savions pas quoi et si cela aurait une pertinence clinique. Mais lorsque nous avons réalisé que la kétamine entraînait une amélioration rapide de l'humeur, nous avons eu l’idée de l'utiliser pour comprendre ce lien entre la dépression et la fréquence cardiaque ».

C’est ainsi que les chercheurs ont pu voir que :

la fréquence cardiaque moyenne au repos peut varier et refléter un changement d'humeur.

L'équipe fait la démonstration de ce lien auprès d’un petit échantillon de 16 patients atteints de trouble dépressif majeur, dont aucun n'avait répondu au traitement standard, vs 16 témoins en bonne santé. La fréquence cardiaque de tous les participants a été mesurée pendant 4 jours et 3 nuits, et les participants souffrant de dépression ont reçu un traitement par kétamine ou un placebo. L’étude montre que :

  • les personnes souffrant de dépression ont à la fois une fréquence cardiaque de base plus élevée et une variation de fréquence cardiaque plus faible ;
  • en moyenne, les patients déprimés ont une fréquence cardiaque d'environ 10 à 15 battements par minute plus élevée que les témoins en bonne santé,
  • après le traitement par kétamine, la fréquence et la fluctuation du rythme cardiaque des patients précédemment déprimés ont changé et sont « rapprochées » de celles des témoins ;
  • les patients à fréquence cardiaque au repos plus élevée répondent mieux au traitement par kétamine ;
  • la fréquence cardiaque mesurée sur 24 heures est un bon « biomarqueur » de la dépression.

Un mini-ECG portable dont les données sont ensuite transmises à un programme d'intelligence artificielle, permet donc de détecter la dépression, ou non. Alors que normalement, les fréquences cardiaques sont plus élevées pendant la journée et plus basses pendant la nuit, cette baisse de fréquence cardiaque pendant la nuit semble altérée par la dépression.

Si ces données doivent encore être confirmées sur un échantillon plus large de patients, elles ouvrent une nouvelle piste, innovante et peu coûteuse, pour détecter la dépression.

Source : ECNP virtual congress 11-Sep-2020 Depression risk detected by measuring heart rate changes

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Équipe de rédaction SantélogSep 25, 2020Rédaction Santé log