"Sur la route de Whiskyville" de Macon Blair et Joe Flood aux éditions Rue de Sèvres

Publié le 24 septembre 2020 par 7bd @7BD

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Titre : Sur la route de Whiskyville

Dessins et couleurs : Joe Flood

Résumé de "Sur la route de Whiskyville" :

Jed et Thanny sont deux vagabonds qui profitent de la vie et surtout de l'alcool.

Ces deux lascars se laissent vivre, et font parfois les quatre cent coups pour un bon gueuleton.

Alors quand ils repèrent cette magnifique tourte bien odorante sur un bord de fenêtre, le plan s'échafaude...

Malheureusement les deux compères se font démasquer par Maggie, la femme de l'imposant policier irlandais O'Feathers.

Celui-ci intervient mais par un malheureux concours de circonstance, sa femme se blesse et décédera quelques minutes plus tard.

Dans l'enchaînement des événements il ne s'est pas aperçu de sa faute et reste persuadé que les coupables sont les complices clochards.

Il décide donc de les traquer...

Jed et Thanny s'échappent, et poursuivent leur périple : Le but est de rejoindre la légendaire Whiskyville, l'eldorado de tout ivrogne.

Pour se faire ils suivent la carte que Jed conserve jalousement...

Vont-ils aboutir où se feront ils rattraper par la patrouille O'Feathers ?

Mon avis sur "Sur la route de Whiskyville" :

Le titre de l'ouvrage porte la mesure du récit.... Une histoire de poivrot.

Il annonce la couleur du sujet : une certaine légèreté et insouciance.

Joe Flood et Macon Blair nous livrent ainsi une petite BD sympathique à lire.

Une aventure loufoque et pleine d'absurdité mais dont on adhère tout de suite car ça fait du bien de déconnecter une peu.

Et le whisky ça aide...

Le scénario de Macon Blair pour "Sur la route de Whiskyville" :

Je suis assez surpris par cette histoire à la fois humoristique et légère mais avec des passages plutôt violents, agressifs ou absurdes.

Quoiqu'il en soit, le sentiment final est un sentiment de liberté, de nonchalance.

Macon Blair conduit son récit sous une forme de Road trip course-poursuite dans le contexte des années 30 aux USA en pleine crise économique appelée " la grande dépression".

Les pages introductives cadrent bien le contexte et arrive même à nous inspirer des petits airs d'harmonica...

Vu la période, il n'est donc pas surprenant que nos héros soient finalement des vagabonds, des hommes sans le sou, se laissant vivre en essayant de profiter au mieux de leurs conditions...

L'aventure racontée reste tout de même très fantaisiste avec cet eldorado improbable qu'est Whiskyville, mais surtout extrêmement rocambolesque avec des scènes totalement inattendues, exagérées et parfois brutales.

Evidemment cela a le mérite de rythmer l'odyssée de nos compagnons, mais surtout de détendre les méninges du lecteur.

Clairement, au premier passage saugrenu, le cerveau du bédéphile déconnecte et comprend qu'il doit finalement se laisser aller sans vraiment chercher un vrai sens au récit.

Cependant, il en est un de sens ! Nos joyeux protagonistes finissent par comprendre qu'il ne sert à rien de courir à l'impossible et qu'il vaut mieux profiter et apprécier l'instant présent et ce que l'on a de plus cher... Amour et amitié.

Finalement, n'est-ce pas simplement ça atteindre le pays de cocagne ?

En bref un scénario surprenant en premier abord, mais à y réfléchir, il est bien plus profond qu'il n'y parait et vous insufflera une certaine joie de vivre.

Le dessin de Joe Flood pour "Sur la route de Whiskyville" :

Joe Flood est un illustrateur de comics ayant particulièrement cartonné avec son incroyable adaptation du monde fantastique de Stan Nicholls dans "Orcs - Forgés pour la guerre", sa première BD.

Il nous revient chez Rue de Sèvres pour dessiner ce voyage insolite.

Son style semi-réaliste convient très bien au ton récréatif de l'histoire et son trait épais, vif, fluide et parfois rude convient très bien à ces personnages écorchés et dépouillés que sont Jed et Thanny, mais aussi aux autres personnages secondaires qui semblent tous avoir un vécu incomparable.

Les couleurs s'imposent comme primordiale dans le cadre ce conte. Elles permettent de garder un environnement chaleureux, éclatant, inspirant le réconfort et la gaieté. Elles nous suggèrent d'aller à notre rythme, de respirer et de profiter de la vie.

Les ombres et lumières sont subtilement contrastées aidant ainsi les couleurs à évoquer cette sensation de bien-être.

Les compositions sont remarquables et variées avec des plans surprenants tels qu'une vue de haut tel un plan, ou une magnifique succession de perspectives rigolotes etc...

Les effets sont justes, maîtrisés et discrets. Quelques onomatopées ponctuent les cases et accompagnent la narration.

Le découpage est original, variant les mises en page allant de la pleine page à 6 vignettes en moyenne, superposant des cases, avec des dessins ou des bulles débordant sur d'autres images, des formes de cases cocasses illustrant les actions abracadabrantes etc...

Mais il réside un léger souci... Je trouve que l'on a du mal à ce prendre d'affection aux personnages, la magie de la projection ne se fait pas.

Le lecteur reste spectateur et les émotions ne sont probablement pas vécues comme elles le devraient.

En bref on ne retiendra pas le nom des personnages longtemps malheureusement...

J'ai apprécié cette lecture détente, et accompagnée d'un bon verre, elle n'en devient que plus savoureuse et amusante.