2400 langues sont parlées en Afrique. François-Xavier Fauvelle, dans sa leçon inaugurale au Collège de France, signale que Leibniz fait transcrire en de multiples langues une prière ; parmi les transcriptions, on en trouve une en langue khoekhoe. La démarche de Leibniz exprime la foi dans la traductibilité de toutes les langues, et dans le fait que celle-ci montre qu’il n’est pas possible d’exclure tel ou tel groupe humain de l’humanité. Dans les recherches menées, on ne trouve pas toujours ce qu’on cherche, mais ce qu’on trouve permet de comprendre que « le présent, tout le présent, est un vestige ». François-Xavier Fauvelle plaide pour la nécessité de l’enquête, pluridisciplinaire, attentive, permanente. « Chacun des mondes africains, écrit-il, est en conversation avec les autres et avec les mondes extérieurs ». Il en tire la conclusion qu’il faut « provincialiser le monde » et qu’il convient de « faire cohabiter les ancêtres de nos contemporains dans une histoire — non pas maison mais jardin ».
François-Xavier Fauvelle est titulaire de la chaire Histoire et archéologie des mondes africains, au Collège de France.