Quand la rumeur se répandit que le locataire du troisième étage du 36 rue des Tilleuls avait installé une voiture décapotable dans son salon, les réactions furent vives et contrastées.
Maximilien dans une première vie a été critique d'art. Il était du genre mordant, mais ce métier de journaliste ne lui permettait que de vivoter. À l'époque, Alma survenait à leurs besoins, comme serveuse dans une brasserie.
Dans une deuxième vie, il est devenu garagiste, en dépit de son incompétence, pour que lui et Alma ne se privent plus et qu'elle puisse enfin réaliser sa passion d'adolescente, écrire des poèmes. Cela a bouleversé leur existence.
Aujourd'hui, il n'est plus rien. Car Alma l'a quitté. Cela ne veut pas dire qu'elle ne l'aimait plus. Alors il s'installe dans la Chevrolet, modèle Impala, s'endort sur la banquette arrière et se met à Rêver d'Alma: le rêve qui revient.
Il le fait ce rêve, depuis qu'un notaire est venu chez lui, chargé d'exécuter un testament: Lorsqu'il prit connaissance du contenu de l'héritage, la vue de Maximilien se déroba. Alarmé, le visiteur alerta les services sociaux.
Maximilien pouvait-il encore s'occuper de lui-même? Il faut dire que le contenu de l'héritage, confirmé à la fin du récit de Marc Agron, avait de quoi faire tourner la roue des êtres qu'il a connus, activer la mémoire des cellules:
La chair se souvient.
Francis Richard
Rêver d'Alma, Marc Agron, 112 pages, L'Âge d'Homme
Livres précédents:
Mémoire des cellules (2017)
Carrousel du vent (2018)