En ces temps de crise alimentaire mondiale, de surpêche serinée comme une évidence, l’idée même de faire de l’élevage de poissons peut sembler séduisante. Ça fait belle lurette que le saumon accepte sans barguigner de jouer à zizi-panpan à la piscine, ce qui fait du saumon d’élevage un des poissons les moins chers du marché. La preuve : y’en a à la cantine.
Mais, car il y a toujours un “mais”, cette solution est bourrée d’inconvénients : les conditions d’élevage des poissons ne sont pas toujours à la hauteur, que ce soit sur le plan gustatif que sur le plan sanitaire. Les élevages en bassins de béton, avec force antibiotiques et aliments à composition douteuse, ne donnent vraiment pas envie de passer à table.
A côté de ça, il existe de vrais bons élevages : en pleine mer, avec vrais petits poissons comme nourriture, et non pas poudre de perlimpinpin. La voilà, la solution : l’élevage dans des cages immergées en mer. C’est ainsi qu’on élève les daurades en Grèce et en Corse. Magique ? même pas. Parce-que dans ces élevages haut de gamme, on ne fait batifoler que des poissons carnivores, qu’il faut bien nourrir d’autres poissons, ce qui ne résout en rien le problème de la surpêche. Pas simple, d’aimer le poisson …
Tout ça pour dire, et j’y ai repensé dimanche en mangeant une daurade d’élevage, que je sais où naissent ces petites bêtes avant d’être engraissées en Méditerranée : sur Oléron. Des bâtiments vastes dans lesquels se trouvent les piscines, des grands bassins agréables à regarder à côté, où l’eau nécessaire est puisée, renouvelée grâce aux bons soins de dame Nature et des hommes qui maîtrisent les écluses. Tout est propre, net, inspire confiance. Et pourtant il faut se rendre à l’évidence : élevage pour élevage, il serait sans doute plus judicieux de choisir des poissons herbivores que des carnivores. Oui mais le consommateur préfère le poisson noble. On l’y a habitué, et le client est roi …