Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la musique occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine d'albums. Et parmi ceux-ci Musiques de films, 1964-2016 d’Ennio Morricone.
En fait d’album il s’agit d’un coffret, imposant et ventru, fait de 18 CD.
Un des monstres de ma discothèque où il ne s’est que récemment fait une place.
Il m’a pourtant fait de l’œil dès avant sa sortie par la voie des annonces ciblées qui pullulent lors de chacune de mes virées sur internet.
Et c’est vrai qu’il me tentait ce bel et gros dont la mise en vente devait coïncider à peu près avec les périodes de fêtes durant lesquelles il est d’usage d’offrir et se faire offrir des cadeaux.
Mais le prix et la présence dans la bataille d’autres produits culturels concurrents m’ayant fait davantage de l’œil ou depuis plus longtemps l’ont finalement écarté de ma liste de souhaits.
Il aura fallu, triste prétexte, que le compositeur passe de vie à trépas pour que le besoin de ce coffret se fasse d’un coup plus pressant jusqu’au compulsif et que quelques clics et un gros mouvement de carte bleue plus tard l’obèse objet fasse partie de ma précieuse – Ma précieuse ! Ma précieuse !.. - collection.
Et mon premier réflexe fut d’être déçu.
C’est idiot.
Je trouvais qu’il manquait ceci ou cela. (Manque inévitable, l’intégrale, outre qu’elle serait d’une taille véritablement monstrueuse, se heurterait à d’insurmontables difficultés juridiques.)
Et puis, les compositions les plus récentes, que je méjugeais pour ne les connaître que trop peu, étaient à mon goût trop représentées.
Idiot, vous dis-je.
Il ne me fallu pas longtemps – enfin, façon de parler, le temps de l’écoute fut assez long, nécessairement – pour y retrouver, intact, insensible aux usures du temps, tout le génie du compositeur italien.
Génie dans l’inventivité de l’évidence mélodique qui s’attache à vous et vous poursuit jusque sous la douche.
Génie du mariage des textures où l’acoustique, l’électrique, l’instrumental, le vocal, le « concret » se mêlent, se superposent ou alternent sans nuire ni à la netteté ni à l’équilibre.
Du fait de ma petite folie consumériste, ce génie, je peux désormais m’en enivrer encore et encore. Un peu plus de vingt heures de compositions maestresques en manière d’îlot de félicité au milieu du temps qui presse et de votre patience qui s’use.