À un moment, vraisemblablement dans les années d'après guerre, ces temples ont commencé à s'ériger. Dans les décennies suivantes, le culte a crû sans faillir. Et croît encore aujourd'hui.
Deux documentaires de qualité ci-dessous pour une même petite histoire: celle du consumérisme de masse. Derrière cette masse, il y a (comme toujours) des gens.
Le monde parfait * Patric Jean * 2017
Le parking est gratuit les trois premières heures avec la carte de fidélité; trois heures de plus sont offertes avec la carte du restaurant au rez-de-chaussée.
Le premier étage s'appelle "le canal", le deuxième "l'écluse". Parce qu'il y a des escaliers en forme d'écluse.
Polygone propose 110 boutiques avec les plus grandes marques, 10 restaurants offrant toutes les saveurs du monde, un cinéma pour rêver, un bowling pour se divertir et un karaoké pour tout donner.
Le directeur apprêté, la force de vente acérée, la femme de ménage invisible, les familles comblées, les ados insipides, les vieux habitués: la faune parade ou survit. Enthousiaste, investie ou détachée. Parfois résignée.
C'est un monde parfait. Ce documentaire d'une petite heure propose de s'y promener.
Jasper Mall * Bradford Thomason * 2020
L'après est saisissant. Certain·e·s photographes s'en délectent. Les sols poussiéreux, les murs craquelés, les faux plafonds éventrés. Les mannequins démembrés derrière les vitrines brisées.
Mais ce documentaire raconte juste avant l'après. Quand le parking est désert et les allées des courants d'air. Quand les commerçants plient boutique. Quand il n'y a plus grand chose à vendre et presque plus personne pour acheter. Quand les horreurs d'un monde parfait laissent place au vide d'un monde essoufflé.