C'est dans la mégalopole canadienne, théâtre de Jeux olympiques qui n'étaient pas ceux de la douleur qu'une bande d'allumés a vu le jour deux ans avant la parution de ce Pain Olympics.
Rarement le terme galvaudé de collectif aura pris comme ici tout son sens. Cette bande de lurons que l'on retrouve à quinze sur scène et au moins au triple dans le gatefold de son premier album signe là son premier véritable long format après une paire de EP's.
Le porte-parole de la bande est Zach Choy qui officie comme batteur-chanteur dans Crack Cloud, et à qui on doit donc le solo portnawak sur "The next fix". Crack Cloud regroupe et assemble un aréopage d'ex drug-addicts en rémission / rédemption qui sont notamment célébrés sur le morceau du même nom.
La musique ? No bullshit. Dix morceaux post-punk en un peu plus d'une demi-heure où apparaissent les spectres de The Fall, Wire ("Tunnel Vision"), Devo ("Ouster stew"). Des rythmes, des syncopes comme s'il en pleuvait - fabuleux "Bastard basket" - des slogans à foison ("Excommunicated ! We are free / Plea for peace").
Guitares cocottes se moulent autour de textes généralement désenchantés qui tranchent particulièrement avec l'humeur enjouée du disque. Deux morceaux évoquent même la liesse, la communion des compatriotes d'Arcade Fire, les irrésistibles "Post truth (The birth of a nation)" et "Angel dust" et ne sont pas dépourvus de lyrisme.
Même si un côté jam pourrait de temps à autre parasiter l'affaire, l'ensemble est suffisamment habité et rythmé pour rendre cette moisson de refrains anarcho-nihilistes particulièrement jouissives.
On reparlera à n'en pas douter de Crack Cloud, d'autant que l'âge exceptionnellement jeune de ses membres lui autorise tous les espoirs.
Vancouver nouveau fer de lance indie ?
En bref : la nouvelle sensation indie post punk qui pour une fois ne provoquera pas les bâillements attendus. Ce curieux collectif réussit haut la main son premier véritable et vindicatif long format.