Les ouvrages qui permettraient un début de grille de lecture sur la manière dont les terroristes se réapproprient les savoir-faire ne sont pas courants. L’ouvrage de Mike Davis publié en 2007 (1) est un exemple de traçage historique du recours à l’attentat à la voiture piégé.
Voici le fil conducteur des différents chapitres du livre.
- Wall Street, 1920.
Ce premier et très court chapitre introductif plante le décor du livre, en décrivant le tout premier attentat à la voiture piégée. Celui-ci est le fait de Mario Buda, un anarchiste d’origine italienne. La voiture explose en face de Wall Street, ce qui contraint les autorités américaines à suspendre la cotation à la Bourse (cas rarissime). Le chapitre se termine sur ce qui sera la trame du livre, en mettant en perspective l’asymétrie qui caractérise la voiture piégée : on peut avec peu de moyens obtenir des effets dévastateurs.
- LE bombardier du pauvre
Ce second chapitre « théorise » la voiture piégée. Mike Davis, prenant acte de certaines tendances (industrialisation de cette « arme » dans les années 40, « mondialisation » du phénomène, cible toujours identique : le moral), dresse les caractéristiques principales du bombardier du pauvre :
- Une efficacité surprenante (on peut caser 500kg d’explosifs dans un 4×4).
- L’effet du « bruit » qui assimile les campagnes d’attentats à la voiture piégée à la Terreur
- Les voitures piégées sont bon marché : voiture peu coûteuse et explosif artisanal à base d’engrais.
- L’attentat est facile à organiser (manuels accessibles sur le net).
- L’attentat frappe de manière indiscriminée : on ne choisit pas la cible précise. En ce sens, ajoute Davis, c’est une arme fasciste qui « souille irrémédiablement les mains de ceux qui y ont recours ».
- Le caractère tout à fait anonyme de cette technique, qui permet aussi bien aux marginaux qu’aux services officiels de s’en servir
- Enfin, le rôle exceptionnel qu’elle offre à des groupes marginaux, en ce sens la voiture piégée réduit l’asymétrie entre deux adversaires.
- Détonations préliminaires
Un chapitre très court qui nous introduit dans les premières explosions à la voiture piégée. L’auteur y souligne deux faits d’importances : tout d’abord, les premières cibles sont politiques (armées, politiciens), ce qui changera rapidement, ensuite, la voiture piégée est en phase de professionnalisation. Les premières « expériences » restent très artisanales.
- Des oranges pour Jaffa
Le 4e chapitre nous plonge cette fois-ci pour de bon dans les attentats à la voiture piégée. Ce premier cas d’école a pour décor la Palestine des années 40, toujours sous mandat britannique, alors que la création d’un Etat d’Israël commence à être discutée. C’est le groupe Stern, de « jeunes sionistes aux tendances messianiques », qui le premier utilisera des voitures piégées contre l’occupant britannique, et qui leur permet de tenir tête à 80 000 hommes. Voyant que les Arabes eux-aussi s’organisaient contre l’instauration d’un Etat juif, le groupe Stern lance ses voitures contre leurs communautés à Haïfa et Gaza. Ces voitures piégées sont les premières à viser expressément des civils, avec l’objectif clair (et atteint) de briser la trêve et « d’instiller la peur dans leurs cœurs ». Cependant, le groupe Stern et Ben Gourion se rendront compte rapidement que leur technique, franchisée par les Arabes, leur sera opposée. C’est le début d’une guerre qui deviendra de plus en plus conventionnelle au fur et à mesure que les deux camps s’organiseront pour empêcher les attentats à la voiture piégée.
- Notre homme à Saïgon
Changement de décor pour un bref passage à Saïgon, où l’on voit le premier soutien « officiel » à l’utilisation de la voiture piégée, en la personne d’un officier vietnamien soutenu par les Etats-Unis. L’utilisation de bicyclettes et de voiture piégées permet alors à une superpuissance de se faire une place dans le conflit.
- Un festival de plastic
Le trajet de la voiture piégée se poursuit en Algérie pendant la guerre d’indépendance. Là encore, c’est une « force officielle » qui utilise la technique, l’OAS ayant opté pour les voitures piégées pour combattre à la fois le FLN et la France de de Gaulle. L’effet des plasticages en série avait pour effet de ‘bloquer’ la situation, de créer un court-circuit dans la circulation des hommes, des biens et des idées.
- Graines diaboliques
Le lien avec la Mafia italienne fait l’objet de ce 7e chapitre, on retrouve en effet les débris de l’OAS en train d’instruire les mafieux siciliens à l’utilisation de la voiture piégée. La technique, rôdée, utilisait un modèle de voiture appelle ‘Giuletta’ qui créera dans la population sicilienne un réflexe quasi-pavlovien de peur à la vue de la machine dans les années 60. L’OAS formera également les Corses à l’utilisation de la voiture piégée. Le FLNC s’en servira essentiellement pour acquérir une visibilité dans l’espace de la lutte pour l’indépendance face aux autres structures indépendantistes.
- Bienvenue à Bombsville
Dans tous les cas, la voiture piégée sert de moyen ultime à l’expression des frustrations de populations locales. C’est ainsi que l’on retrouve le « bombardier du pauvre » à Saïgon dans les années 60. Mike Davis décrit la « débauche de luxe impérial » dans laquelle vivent les Américains, refluant les populations locales dans les faubourgs. C’est aussi l’occasion de dresser le portrait des activistes, qui, loin d’être un sous-prolétariat urbain, regroupe des étudiants, des enseignants, et des professions ouvrières. Le Viet-Cong tentera de renverser le rapport de force avec les Etats-Unis en se servant des voitures piégées et de la technique dite de la fourmi, les charges étant dissimulées dans les cadres des bicyclettes, dans les soutiens-gorge ou dans les paniers à provisions. L’effet des explosions est de semer la peur dans le camp américain, qui est obligé de s’isoler dans des « zones vertes » toujours d’actualité en Irak, accentuant un peu plus le sentiment que ces zones étaient des « petits bouts d’Amérique » au cœur des cités vietnamiennes.
- L’avènement du nitrate-fioul
Ce chapitre, plus technique, décrit l’évolution de la technique de la voiture piégée. La TNT et les bâtons de dynamites, souvent volés dans des entrepôts militaires, est remplacée peu à peu par le nitrate-fioul. Facile à manipuler et à placer (mélange d’engrais et de produits disponibles en station-service), le mélange est aussi plus destructeur. Le black stuff, comme le surnomme les Irlandais de l’IRA, libère les terroristes de la contrainte de l’offre, et permet de mener plus d’opérations. L’IRA a ainsi handicapé l’économie locale en dégradant l’image de Belfast comme terre d’investissements.
- Le rire macabre de Sammy Smith
Nous retrouvons le terrain irlandais, en y ajoutant le SAS britannique (Special Air Services) comme utilisateur de la voiture piégée. Ces professionnels des explosifs et de l’infiltration vont ainsi pouvoir détruire des entrepôts d’armes de l’IRA.
- La cuisine de l’enfer
L’enfer, dans ce chapitre, c’est Beyrouth livrée aux guerres entres plusieurs factions à la fois : Abou Nidal vs Abou Iyad, chiites vs Palestiniens, maronites contre musulmans, Israël vs Syrie etc. Les civils sont les principaux otages de ce conflit où chaque partie tentera d’effrayer les populations visées pour délégitimer les directions. Mike Davis conclut le chapitre en insistant une fois de plus sur l’usage de la voiture piégée par les services d’Etat, notamment la Syrie, qui en a abusé comme « arme meurtrière de la raison d’Etat ».
- Le Hilton de Beyrouth
Le bâtiment restera célèbre pour l’utilisation qu’en a fait le Hezbollah. Désormais, il est possible de filmer les attentats à la voiture piégée, pour créer une nouvelle caisse de résonance médiatique longtemps après l’attentat. C’est aussi ce qui va faire passer la voiture piégée au statut d’arme de destruction massive à usage universel. La « cuisine libanaise » va également rajouter un nouvel élément au mélange nitrate-fioul par l’utilisation de kamikazes au volant. Ceux-ci peuvent poster la voiture au plus près de la cible, défonçant barrages et postes de garde au passage. Le Hezbollah est en capacité de transformer les équilibres du pouvoir au Moyen-Orient, en visant par exemple les enclos américains pour contraindre ces derniers à participer à la guerre civile. Les marines se rangeront du côté des phalangistes pour entrer en guerre ouverte contre les musulmans, le tout étant fortement médiatisé et ayant eu un impact majeur sur l’image des Etats-Unis. La destruction de l’hôtel Hilton, qui abritait les marines, est donc un coup de force du Hezbollah, qui voit en elle un nouveau Pearl Harbor, et le bilan définitif des victimes (241 américains + des centaines de blessés) est effectivement la plus lourde hécatombe américaine depuis Iwo Jima. Cette attaque a eu pour effet de contraindre la force multinationale au retrait du Liban. Une victoire géopolitique majeure qui n’aura coûté que le camion-benne bourré d’explosifs qui a foncé sur l’hôtel. Un autre enseignement de ce chapitre est que désormais, Iraniens et Syriens ont sous leurs ordres de véritables écoles de professionnels de la voiture piégée, preuve en est l’habileté des kamikazes à slalomer entre les blocs de béton à toute allure.
- L’université de la voiture piégée
L’administration Reagan, battue, a une évidente soif de revanche sur le Hezbollah et ses soutiens. A eux de monter leur propre école de la voiture piégée. William Casey, le directeur de la CIA, exprime alors clairement un retour surprenant à la symétrie « pour résoudre ce problème, il faut se montrer plus dur ou au moins aussi dur que les terroristes dans le recours à leur arme favorite – la voiture piégée ». William Casey obtient par ailleurs de Reagan la mise en place en Afghanistan d’un camp d’entraînement intensif des « insurgés » islamistes pour contrer les Soviétiques. D’autres camps verront le jour, financés par les Saoudiens et les Emirats, des camps qui seront les pépinières d’Al-Qaida par la suite. Mike Davis qualifie cette situation de « plus grand transfert de technologie terroriste de l’histoire ». Effectivement, les « universités » disséminés en Afghanistan et à la frontière avec le Pakistan offrent aux islamistes en colère des cours sponsorisés par les Etats-Unis.
- Les tigres kamikazes
Mike Davis insiste une fois de plus sur le profil des kamikazes utilisant les voitures piégeant, en revenant d’abord sur l’origine du mot. Davis explique que le kamikaze n’est pas un fou volant hurlant « banzaï ! » en fonçant à l’aveugle sur des bâtiments américains, mais bien une technique réfléchie de gestion des ressources humaines au moment où le Japon attaque la flotte américaine. De la même manière, les kamikazes qui utilisent les voitures piégées sont rarement des illuminés en quête des 70 vierges, mais bien plus souvent des militants nationalistes qui réagissent à une injustice collective, en particulier l’humiliation subie lors d’une occupation étrangère. Les sécessionnistes sri-lankais, les Tigres tamouls, ont eux aussi leur élite kamikaze, les Tigres noirs, une unité entraînée à mourir sur ordre du chef. Chacun a par exemple une capsule de cyanure autour du cou à gober en cas de problème.
- Cibles faciles
Le trajet de la voiture piégée se poursuit en Espagne avec la lutte entre le pouvoir royal et l’ETA. L’innovation basque va consister de passer des cibles traditionnelles (casernes, officines du gouvernement) à des « cibles faciles », comme la chaîne de supermarché Hipercor. L’objectif est double : terroriser les consommateurs, et obliger la chaîne à payer le « tribut » mafieux qui finance en partie l’organisation séparatiste.
- Los coches bomba
L’Amérique du Sud n’est pas épargnée par la mondialisation du phénomène avec notamment Pablo Escobar, le baron de la drogue. Les américains, qui avaient décidé de se débarrasser du fournisseur numéro 1 de drogue en Amérique du Nord, ont eu droit pour toute réponse à un « ouragan de terreur » d’une décennie (84-94). L’objectif du narco-tafiquant était clair : ses ennemis doivent être plus terrorisés par lui que par les services américains. Tous les « traîtres » (les parlementaires colombiens conservateurs, le cartel de Cali) ont donc subi « l’apocalypse hystérique » d’Escobar. Le stratagème marche) tel point que la population se retourne et presse le gouvernement de trouver une solution pacifique. Les « extradables », ces trafiquants colombiens menacés d’extradition aux Etats-Unis, obtiennent par exemple de purger leur peine dans de luxueuses « prisons » avec femmes et alcool à volonté. Les Etats-Unis riposteront en s’attaquant, via la voiture piégée gérée par d’anciens combattants US de la « guerre sale » au Vietnam ou au Chili, à la structure de financement d’Escobar, instituant de facto un véritable terrorisme d’Etat.
- Villes en état de siège
Ce chapitre tente de décrire les changements urbains engendrés par le recours massif à la voiture piégée. Normes de sécurité, nouveaux risques, procédures en cas d’accident… ce sont bien des villes en état de siège que décrit Davis. Les plus « pros », selon l’auteur, sont les membres de l’ISI, les services secrets pakistanais, avec leur ciblage minutieux et leurs objectifs ambitieux : conflit confessionnel, dépression économique. On retrouve encore une fois les liaisons troubles qui associent groupuscules fanatiques et officines gouvernementales. (2).
- La technologie de la peur
Davis esquisse une théorie de l’évolution de la voiture piégée. Si celle-ci vise à priori des cibles indiscriminées au début d’un conflit, elle permet par la suite de découvrir des zones de vulnérabilités, où appuyer fait encore plus mal. C’est le cas par exemple des Tamouls qui visent les édifices religieux, des mafiosi qui ciblent les lieux culturels (pour en faire fuir les touristes). Les « exemples » montrent en tout cas la faiblesse d’Etat dont la richesse se concentre en quelques lieux hautement symboliques (Tour de Pise ou Scala de Milan en Italie). L’IRA a de son côté préféré cibler les institutions financières, nerf de la guerre de l’économie britanniques, puis les compagnies d’assurance, garantes du bon fonctionnement des circuits économiques et financiers du royaume (et peu protégées). Londres réagira en implantant CCTV, le réseau fermé de caméras de surveillance, un peu partout. Chaque Londonien est ainsi « shooté » en moyenne 300 fois par jour.
- Attentat contre Bush, massacre en Oklahoma
Les Etats-Unis ne sont pas invincibles face à la voiture piégée. Les ambassades sont partout bunkerisées, et le territoire américain va vivre lui aussi les répercussions de plusieurs décennies de « guerres de l’ombre » organisées par eux à travers le monde. Le premier attentat islamiste contre le World Trade Center, symbole de l’arrogance américaine aux yeux des humiliés, a lieu en 1993. D’autres attentats estampillés Al-Qaida vont affaiblir le moral des Américains : ambassade de Nairobi, de Dar-es-Salaam notamment. Les ripostes de l’aviation américaine, médiatisées, ne font que renforcer le prestige des terroristes dans le monde musulman. Un autre aspect de cet asymétrie est financière, Davis comparant les 50 000 dollars qu’ont du coûté approximativement les deux attentats sur le sol africain aux 2 milliards de dollars dépensés par le gouvernement américain pour protéger les ambassades. « Autrement dit, pour chaque dollar dépensé par Ben Laden, les Etats-Unis en avaient dépensé 38 240 ».
- La planète Djihad
La voiture piégée est utilisée plus récemment encore par Chamil Bassaïev, chef des rebelles tchétchènes, lui aussi instruit par l’ISI pakistanais. Des attentats auxquelles l’armée fédérale russe répond par l’utilisation de bombes à vide (« capables d’aspirer vos poumons hors de la cage thoracique »), interdites par la convention de Genève. Quand la voiture piégée pousse l’adversaire à violer ses propres normes… Si les frappes russes ont brisé le front de la résistance tchétchène, cela aura aussi pour effet de réorganiser les séparatistes en microcellules très souples, organisées en réseau, donc moins meurtrières mais moins contrôlables également (cf. attentat du théâtre de la Doubrovka).
Dans le contexte post 11-septembre, les édifices financiers sont quasi-bunkerisés et peu attaquables. D’où la migration des voitures vers les « cibles molles » comme les lieux touristiques des pays « hérétiques » (Indonésie, Kenya, Egypte), capable de détruire l’économie des pays en un clin d’œil. Les ripostes des Etats, qui utilisent les arrestations massives et la pratique intensive de la torture, ne fait que renforcer les convictions des candidats au suicide.
- La reine de l’Irak
LA voiture piégée en Irak devient l’arme la plus utilisée, devant même les mines anti-chars, trop facilement détectables. Depuis août 2003, le nombre moyen des attentats mortels à la voiture piégée est ainsi passé d’un tous les dix jours à un toutes les 36 heures. Comme le souligne ironiquement Davis, « c’est bien là la seule arme de destruction massive que l’administration Bush a totalement ignorée ». Ce qui est intéressant avec l’Irak, c’est que c’est le même terrain qui était favorable à l’invasion par char, « à savoir un archipel de denses oasis urbains », qui en fait également un terrain propice à l’utilisation des voitures piégées. Davis note également une véritable stratégie de la voiture piégée en Irak. La première phase a visé les représentations officielles de l’ONU, les ambassades des pays alliés, de manière à délégitimer l’occupation américaine. LA deuxième phase concentre les efforts sur les bureaux de recrutement de la nouvelle police irakienne, et les camps d’entraînement e l’armée, pour ôter toute force au nouveau gouvernement irakien. La 3e phase visait les monuments religieux chiites, dans le but évident de créer un embryon de guerre civile interconfessionnelle. Enfin, une dernière phase, encore en « vigueur », vise les civils sunnites dans une guérilla urbaine de basse intensité. L’effet de cette stratégie ne se fait pas attendre : le Ligue arabe prend ses distances, les pays alliés quittent un par un l’Irak, Kofi Annan retire les locaux de l’ONU de Bagdad, et la Croix-Rouge a fait de même. L’entreprise qui visait la légitimité de l’occupation a bien fonctionné. Davis note un autre point important concernant l’Irak : les terroristes sont bien des djihadistes plus que des nationalistes, ils veulent une guerre entre musulmans. Bagdad ressemble désormais « à un archipel médiéval de quartiers chiites et sunnites en guerre les uns contre les autres ».
- Les portes de l’enfer
Davis revient en conclusion sur quelques aspects génériques de l’utilisation de la voiture piégée. Sa vision marxiste l’entraîne vers la découverte d’une infrastructure économique autour des villes qui favorisent les fissures entre ethnies, entre religions. D’autre part, l’auteur souligne le coût lié aux recherches pour contrer les bombardiers du pauvres, 6 milliards de dollars, soit autant que le coût des installations du Manhattan Project. Une manière de conserver en tête le rapport d’asymétrie qui caractérise la voiture piégée. Face à cette menace, Davis évoque également les risques quant aux sociétés démocratiques, qui n’ont aucun recours pour contrer le phénomène, à part barder les villes de capteurs et de caméras, préfigurant un univers urbain orwellien en totale contradiction avec les aspirations des habitants. Fallujah s’est ainsi transformée en « véritable prison urbaine ». L’auteur conclut de manière humaniste en soulignant que la question n’est pas militaire mais politique et que ce sont les esprits qu’il faut désarmer…
Martin Pasquier
Nota bene : Un véritable travail de grille de lecture impliquerait une étude plus fouillée des méthodes et des limites de leur utilisation. Mais ce n’était pas l’objectif de l’auteur qui cherchait avant tout à en faire un récit narratif. L’usage de la terreur n’est pas si simple aussi bien dans une logique politique du faible comme du fort (on en reparlera). Et force est de constater qu’en dehors des théâtres irakien et syrien, cette méthode terroriste n’a pas été utilisée de manière massive même si ces effets sont très spectaculaires. Sur un plan strictement militaire, Daesh n’en a tiré qu’un résultat peu concluant sur le terrain. (Christian Harbulot)
Notes
(1) Mike Davis, Petite histoire la voiture piégée, Paris, éditions Zones, 2007.
(2) Ce livre a été écrit avant la guerre en Syrie puis la destruction du califat de Daesh, notamment lors des combats pour la reprise de Mossoul.
L’article Les transferts de savoir faire dans le domaine terroriste est apparu en premier sur Infoguerre.