Pourquoi encore un pas, encore un baiser, encore un jour ?
pourquoi passer encore un chiffon de ferveur pour que luise le cuivre du soleil une fois de plus ?
Pourquoi tenter de le nettoyer de l’ennui ?
Pourquoi se redresser comme la colonne vertébrale d’un homme accablé qui a de l’orgueil à être la colonne vertébrale d’un homme ?
Pourquoi avoir de l’orgueil à être un homme ?
Le chardon est promis au feu et semblable est le destin de l’homme.
Que le glas de l’homme laisse en repos les clochers.
Qu’il soit sonné par les fleurs des champs avec le battant de la rosée.
Puis qu’on fasse un foin serré de cette fausse tristesse et qu’on la brûle.
Et qu’on casse la coquille de Dieu dans un casse-noix d’éclairs.
Et qu’avec l’huile on sacre un autre Adam.
***
Alain Borne (1915-1962) – Le plus doux poignard (Chambelland, 1971)