Expédiée depuis la semaine passée, par voie postale, aux quelques 100 000 habitants de l'île, dans le cadre d'un package global d'aides aux entreprises, la carte, nominative, leur permet, une fois activée en ligne ou par téléphone, de dépenser leur subside auprès de tous les commerces et fournisseurs de services locaux, jusqu'à l'expiration de l'offre, le 31 octobre prochain. Les bénéficiaires sont cependant invités à la conserver après l'échéance, en anticipation d'un éventuel renouvellement de l'opération.
Afin de remplir au mieux sa mission de réduire les conséquences de la pandémie sur l'activité de Jersey, et plus particulièrement dans les domaines qui ont le plus souffert des restrictions de déplacement, des mesures de distanciation et de la baisse de fréquentation touristique, le dispositif mis en place inclut plusieurs restrictions d'usage. Ainsi, la carte n'est utilisable que pour des achats de proximité – à l'exclusion, donc, de toute transaction de e-commerce – tandis que le secteur des jeux et des paris est également écarté.
Quand les sirènes de la mode encouragent les organismes publics à explorer des voies exotiques, notamment à base d'incontournable blockchain, pour leurs initiatives de re-dynamisation des territoires, les dirigeants de Jersey préfèrent s'en tenir à une solution éprouvée. Et peut-être ne profitent-ils pas de toutes les opportunités promises par les technologies modernes mais, en contrepartie, ils s'économisent la mise en place d'une infrastructure entièrement nouvelle et les hésitations de la population face à un outil inconnu, et bénéficient au contraire d'une adoption immédiate et sans frictions.
Mon propos n'est pas ici d'établir la supériorité de telle ou telle approche… car aucune, à ce stade, n'est parfaite. En revanche, le cas spécifique de Jersey permet d'illustrer l'importance critique de prendre en considération le contexte et les besoins, dans leur ensemble, avant de définir un choix stratégique. Pour leur objectif pressant de relance économique après la chute brutale des échanges commerciaux, les autorités privilégient logiquement l'instrument qui génèrera le plus rapidement l'impact le plus large, au détriment d'un autre, certes plus innovant mais qui requerrait un temps d'appropriation.