Blogs littéraires : allez voir ailleurs si j’y suis
Dans moins d’un mois paraît mon nouveau recueil. Un nouveau livre
qui sort, c’est un événement curieux, pour un auteur. Car, au moment où l’enfant paraît, il en a souvent un autre en conception ou en accouchement (ce sont les joies du calendrier), et parfois
d’autres encore très vivants qui font tout pour se faire remarquer (ce sont les joies des blogs). Les livres, sont les légumes un peu fous d'un
jardinier débordé - j'ai ajouté cette phrase pour justifier le visuel du dessus. Et le visuel, je l'ai mis parce que je ne savais pas quoi mettre. Je n'ose plus mettre de photos de
topinambour.
Le recueil qui sortira, Qui comme
Ulysse, j’ai encore le temps d’en chanter les beautés, ha, vous allez voir, comme si j'allais me gêner.
Non. Il faut faire ça doucement. Il faut en faire la promotion à petite dose, sinon c’est vite écœurant, surtout pour son auteur, on se sent si misérable. En attendant, pour éviter de trop y
penser, il me reste ce qui vient derrière et ce qui court devant.
Joies du calendrier : ce qui vient derrière, c’est mon prochain roman, dont je vais reprendre l’écriture la semaine prochaine, après plusieurs mois de pause. Une intrigue très complexe, peut-être au-dessus de mes moyens, mais qui m’amuse infiniment, puisque le thème central en sera la falsification. Pour être plus exact je devrais dire le prochain-prochain roman, puisque le vrai prochain, le deuxième, sortira en fin décembre.
Ces plannings semblent bizarres, mais il ne faut jamais oublier qu’un livre sort souvent six mois ou un an après avoir été accepté par l’éditeur. Pas seulement pour raisons techniques (correction, impression), mais aussi pour raisons commerciales : un éditeur doit étaler ses mises sur le marché, les commerciaux doivent pouvoir répartir leurs efforts, et ne pas saturer les libraires. Il leur faut éviter la question létale : « Bon, lesquels je vous prends ? »
Résultat : dès qu’un manuscrit est accepté (et souvent AVANT), il faut savoir mettre le suivant sur le métier, pour ne pas perdre la cadence On peut arriver ainsi à des décalages absurdes : l’écrivain Arto Paasilinna (oui, celui vient de sortir le magnifique « Cantique de l’apocalypse joyeuse ») sort un nouveau roman chaque année, mais, en France, Denoël, son éditeur n’en publie qu’un tous les deux ans. Plus le temps passe, plus les nouveaux livres de Paasilinna sont vieux. Ce qui est parfois gênant quand ils se calent dans l’Histoire, comme son Cantique.
En ce qui me concerne, j’en arrive à ne rien publier pendant 20 mois, puis à publier deux livres (chez deux éditeurs différents) en 4 mois. C’est la seconde fois que ça se produit (Mieux encore, L’Etage de Dieu et le Vertige des auteurs étaient sortis à un mois d’intervalle… après 21 mois de silence). C’est bien, ça oblige à vivre dans le futur.
Joies des blogs littéraires Ce qui court devant, ce sont justement ces livres précédents : les blogs littéraires ont cela d’extraordinaire qu’ils peuvent se déconnecter de l’actualité en restant passionnants, au gré de leurs auteurs. On pourra donc y trouver un billet sur Théophile Gautier (qu’on ne lit plus assez : son vocabulaire est d’une superbe richesse), Chesterton ou Tourgueniev entre le dernier Fred Vargas et le dernier Anna Gavalda. Je trouve d’ailleurs Tourgueniev ou Tourgueniev beaucoup plus modernes que Vargas ou Gavalda, mais on peut ne pas en être d’accord.
Où en étais-je ? Ah oui, les blogs littéraires. Trois d’entre eux m’ont fait, en moins d’un mois, le bonheur d’un joli billet imprévu sur La Diablada et le Vertige des auteurs.
Un bonheur, pourquoi ? Parce que chacun d’eux apporte un regard nouveau sur ces livres que je croyais connaître par cœur. Nouveau dans les sourires, nouveau dans les critiques, nouveau par le ton, l'éclairage, ils ne respectent aucune norme et c’est bien agréable aussi. C’est la force des blogs littéraires : ils ne se gênent pas.
Ils ne se gênent pas pour exprimer des points de vue très personnels, ils parlent au moi-je, donc en toute liberté, ils n’engagent qu’eux-mêmes et le font fort bien.
Ils ne se gênent pas pour développer en détail leur argumentation, ils ne sont tenus par aucune contrainte d’espace. S’il faut un paragraphe de plus pour expliquer pourquoi on a moins aimé telle ou telle nouvelle, pourquoi on regrette telle couverture, allons-y, l’espace est gratuit. Et l’analyse en sort plus riche, parfois plus critique, plus bavarde, mais ce n’est pas forcément désagréable.
Mieux encore, très souvent, ils ne se gênent pas pour signaler confraternellement les autres blogs qui ont un point de vue différent. Ils parlent librement pour laisser le visiteur penser librement.
La (modeste) carrière de la Diablada et du Vertige des auteurs doit beaucoup aux médias, je le sais, j'apprécie, mais elle a une autre dette envers les blogs littéraires : ils ont permis un lancement doux, progressif, longue durée. Une sorte de joli bruissement, car il serait exagéré de parler de rumeur.
Tout cela pour vous dire que je vous recommande ce mois-ci trois excellents blogs. Et je vous rassure, ils étaient excellents avant de publier un papier sur mes bouquins. Si vous avez publié un billet depuis juin et que je ne l'ai pas indiqué, de grâce, signalez-le moi, je ferai un commplement de billet. Et si vous en publiez d'autres à l'avenir, dites-le moi aussi : l'actualité de la planète blog m'échappe parfois, même quand elle me concerne.
Dans l'immédiat, mais vraiment immédiat, je compte sur vous, je vous recommande d’aller faire un saut sur ces trois blogs si vous ne les connaissez pas. Être visiteur et ignorer ces blogs, c’est désormais presque une faute professionnelle.
Clopin-clopant, et plus spécialement son billet du 28 juin
http://clopinclopan.over-blog.com/article-20795495.html
Les jardins d’Hélène et plus spécialement son billet du 8 juillet
http://lesjardinsdhelene.over-blog.com/article-21093445.html
Turquoise et plus spécialement son billet du 15 juillet
http://lecturesdeturquoise.blogspirit.com/archive/2008/07/15/index.html
J’espère
avoir en septembre plein de blogs à vous recommander.