« Pourquoi devrais-je aller dans ce cimetière ? Il est rempli de losers ! »
Voilà ce que Donald Trump aurait déclaré, en novembre 2018, en refusant d’aller honorer la mémoire des milliers de soldats américains enterrés au bois de Belleau, dans l’Aisne, lieu de la bataille mythique.de 1918 qui a fondé la réputation des marines….traités au passage, de « crétins » par Trump. Telle serait donc la vraie raison de l’annulation in extremis de la commémoration : rien à voir avec la pluie qui aurait empêché l’hélicoptère présidentiel de décoller.
Depuis que le mensuel « The Atlantic » a publié de scoop ; le 3 septembre, en citant quatre sources anonymes haut placées, Trump hurle a la « fake story » fulmine contre l’« escroc » auteur de l’article et vitupère ce « magazine mourant ». Le problème, c’est que ses propos ont été confirmés, après enquête, par le « New York Times », le « Washington Post », Associated Press, CNN et même Fox News, dont Trump a aussitôt demandé le renvoi de la journaliste.
Surtout, le président US n’en est pas à son cour de (canif) d’essai contre les vétérans. Et là, il touche au sacré dans la société américaine…Préparant le défilé militaire du 4 juillet à
Washington, sur le modèle du 14 juillet, auquel il a assisté à Paris en 2017, il refuse de convier des mutilés de guerre à la parade : « Pourquoi les faire défiler, personne ne veut voir ça ». Après la mort, en août 2018, du sénateur républicain John McCain, célébré comme le héros national pour avoir survécu cinq ans aux tortures dans les geôles nord-vietnamienne, il enrage : « Nous n’allons pas soutenir l’enterrement de ce loser ». Lors de sa campagne pour la nomination en 2015, il avait déjà allumé McCain pendant un meeting : « Il est un héros de guerre parce qu’il a été capturé. Je n’aime pas les gens qui ont été capturés ».
Bref, les morts, les blessés et les prisonniers très peu pour lui…Il préfère un « winner » comme Eddy Callagher, ex-soldat des Navy Seal, qui a comparu devant un tribunal militaire pour avoir tué plusieurs civils désarmés, dont un adolescent afghan, qu’il a décapité, Trump lui a accordé la grâce présidentielle et l’a reçu dans sa propriété de Mar-a-Lago, le 22 décembre 2019…Un chien de guerre dont il semble faire un héros.
Dans un autre registre, Trump a fini par traîner dans la boue les généraux dont il s’est entouré, lorsqu’ils ont critiqué sa volonté d’envoyer l’armée réprimer les manifs consécutives à la mort de Georges Floyd. Bande de losers !
D’après les républicains dissidents du Lincoln Project, Trump est un « tire au flanc » qui, après avoir été formé dans un lycée militaire, a évité la guerre du Vietnam en brandissant un certificat médical attestant des « excroissances osseuses » aux pieds.
Un argument de winner, bien sûr !
Lu dans le Canard Enchaîné