tout a été dit et écrit
sur la simplicité volontaire
et je déteste ce mot
simplicité
ça fait nunuche
attardé mental
ça fait simple
car il n'y a rien de simple
à décomplexifier notre vie
à consommer moins en termes matériels
mais aussi en termes mental spirituel professionnel
bref à vouloir moins pour soi
mais également à exiger moins de soi
à se contenter
à se satisfaire
de ce qu'on a
mais surtout de ce qu'on est
j'ai connu trois minutes de béatitude
dans le char
au retour de sainte-flavie en gaspésie
ce lundi
j'y reviendrai
je parle de décomplexifier et de me contenter
alors que j'ai débuté jeudi
mon cinquième diplôme universitaire
je pliais du linge vendredi matin
en me maudissant de m'être levée
encore une fois en retard
et n'avoir pu aller nager aux aurores avec les charlots
je ne me trouvais bonne à rien
juste à manger des chips et à engraisser
puis je me suis souvenue
que j'étais en train de commencer
ce magnifique cinquième diplôme universitaire
et ça m'a rendue fière
au retour de sainte-flavie donc ce lundi
j'étais sereine pendant quelques instants
parce que je me suis dit
que c'était donc plus simple de garder ça simple
de ne pas m'obliger à réaliser de gros projets
de savoir ce qui est hors de notre portée
ou qui prend trop de temps et d'énergie à atteindre
au point de nous énerver pour rien
au point de ne vivre que le présent
pour construire le futur
comme acheter une auberge
un vignoble un chalet une terre
et que si on se contentait de notre vie actuelle
ce serait beaucoup moins énervant
tant sur le plan financier
que pour éviter l'angoisse de ne jamais parvenir au but
quand j'ai récemment entamé avec une peur bleue
l'analyse de mes dépenses depuis le début de l'année
et me suis rendue compte
que je ne gagnais beaucoup moins de sous
que j'en dépensais
j'ai fait une déprime pendant deux jours
j'ai cinquante-trois ans
je suis une financière et bientôt une comptable
je suis une spécialiste des chiffres
pourquoi ai-je trimé si dur dans la vie
pour en arriver là
à manquer de sous
pour vivre sans compter
je sais aussi que pour bien vivre
il faut soit gagner plus de sous
ou en dépenser moins
je connais le coût humain que cela me prend
pour générer mes anciennes payes
deux fois plus élevées que l'actuelle
et je n'ai plus envie de redépenser cette énergie
à gagner plus de sous à dépenser
la solution est donc de réduire
ça a mis un terme très rapidement
à la possibilité de nous acheter un chalet
quand on enlève un gros projet
on décomplexifie la vie
qu'il s'agisse d'une propriété ou tout autre bien matériel
qu'il s'agisse d'une oeuvre à réaliser
ou un pécule à accumuler pour la retraite
une position à atteindre sur un tableau d'honneur
on sous-estime souvent l'énergie que tout cela prend
en ressources matérielles en temps en espace mental
et quand on y pense
si cela nous énerve
si cela nous empêche de vivre et de respirer
plus que cela nous procure de plaisir en le faisant
ce n'est pas pour nous
il faut nous en délester
ce n'est pas de l'abandon
on ne perd rien qu'on n'a pas encore
donc
loin de moi l'idée de ne pas avoir des projets et des rêves
ou d'atteindre une indépendance financière
j'avance quand même en me fixant des objectifs
mais c'est donc apaisant d'en enlever
quelques couches des fois
surtout si j'ai déjà amplement l'essentiel
c'est beaucoup plus léger
ça donne des trois minutes de sérénité
dont j'ai bien besoin
et puis revenons à mon besoin
de toujours faire plus
devenir plus connaissante
apprendre à faire plus de choses
continuer les sports pour rester en forme
cuisiner plus et mieux
c'est bien louable tout cela
et plus stimulant que de me décrotter les narines
en regardant bêtement passer la vie
mais c'est aussi consommer trop
c'est trop d'énergie à vouloir
à me battre
à contrer des obstacles
à dormir moins
à surmonter la douleur
à être vaillante
pour finalement être déçue
à cinquante-trois ans
quand je continue à avancer à ce rythme
qu'est-ce que j'essaye de prouver
et à qui donc
j'ai peur de m'asseoir sur mes réalisations
et de n'avoir plus qu'un passé
j'ai peur qu'on me juge parce que je vieillis
j'ai peur de dire oui moi dans le temps
j'ai couru des demi marathons
j'ai nagé à six heures du matin
j'ai fait ceci
et même une fois j'ai fait cela
j'aime l'action
j'aime entretenir mon corps et mon esprit
garder leur plasticité
il faut que je m'apaise
que je comprenne qui je suis
que j'écoute mon rythme
que je le respecte
pour que mon corps et mon cerveau
me donnent encore ce qu'il faut
pour enrichir mon âme
ce lundi en revenant de sainte-flavie
j'ai décidé que ce qu'on n'avait pas fait dimanche
soit changer les draps du lit
et laver la machine à café
ne serait pas fait lundi soir en arrivant au palace
mais le dimanche suivant
j'avais un projet de moins
et du temps de plus
et ça a fait du bien
de me donner ce droit
d'être heureuse malgré tout
d'être heureuse point
pour un petit rien
de moins
avoir moins
faire moins
et être plus.