Les poèmes sont les épines sur le cactus,
les dents de l’ours,
les crocs d’une vipère,
un oiseau effrayé par l’air.
Les poèmes accrochent les poissons dans la pierre,
déchirent la gorge de la fauvette
et tordent le nez
de cette vieille bique
qui ne sait pas envoûter
mais juste gémir.
J’en ai vu au fond d’un arbre
et juste entre les lèvres d’une femme,
dans le puits d’une fleur
où boit le papillon.
Un poème est une ronce,
une admission d’air,
un cri dans la nuit
poussé par l’humble gorge
d’une taupe
capturée par une chouette
silencieuse en plein vol.
N’allez pas parmi eux.
Ne criez pas.
Le néant issu du néant
n’est qu’un rêve.
*
Poems
Poems are the spines on the cactus,
the teeth of the bear,
the fangs of a viper,
a bird frightened by air.
Poems hook the fish in stone
and tear the warbler’s throat,
and twist the nose
of that crone
who cannot spell
but only moan.
Ï saw one deep in a tree,
and just inside a woman’s lips;
in the well of a flower
where the butterfly sips.
À poem is a bramble,
an intake of air,
a scream in the night
from the humble throat
of a mole
taken by an owl
silent in flight.
Do not go among them.
Do not scream.
Nothing from nothing
is only a dream.
***
Howard McCord (né en 1932 à El Paso, Texas) – Écouter les cartes (Revue Ce qui reste, 2016 ) – Traduit de l’américain par Thierry Gillybœuf & Cécile A. Holdban.