Voyage insolite au cœur de la Renaissance...

Publié le 22 juillet 2008 par Chantal Doumont

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Voyage insolite au cœur de la Renaissance sur le Rocher

Coup de canon, cris de guerrier, parfum âcre de poudre noire, lances levées, yeux exorbités. Le Rocher est assiégé ! Armés jusqu'aux dents, les Génois guettent sous la pinède, avant de porter l'assaut au... Palais princier. Bienvenue en 1506 !

11 h : Gueux et gueuses en tongs et appareils numériques s'enfoncent dans les ruelles. Pour une plongée en plein XVIe siècle ! Un choc visuel et olfactif. On croise des comtesses apprêtées, des paysannes en loques, des hallebardiers menaçants. Place de la mairie, organisatrice des festivités, l'atmosphère moyenâgeuse fleure la brebis, la paille fraîche et les braises chaudes.

Mixture de sorcière ?

Dans un gros chaudron mijotent du genêt, des racines de garance et de la bruyère. Une mixture de sorcière pour transformer les manants-passants en crapauds ? Que nenni ! Venues de l'Hérault, Gabrielle et Catarinou alias « Les Tirelaines », tissent au rouet et concoctent des teintures végétales ! « La laine est intemporelle, ces techniques ancestrales fascinent. On tond les moutons nous-mêmes ». Ceux qui grignotent tranquille leur litière dans un petit enclos rue Émile de Loth, n'ont qu'à bien se tenir. Mais, voila qu'un dragon de ferraille crache une épaisse fumée jaune. La troupe « Manoar » d'Orléans enflamme les lieux de sa rythmique du diable venue du fond des âges. Un forgeron effrayant en cuissardes et tablier s'acharne sur une enclume. Percussions barbares au marteau pour tempo d'enfer ! Malgré un pipeau guilleret et une ciste joviale, les gueux en ont la chair de poule.

La ripaille avant la bataille

13 h. Sur la place du Palais, transformée en bucolique campement militaire, un Veuglaire (canon d'alors) vomit dans une terrible explosion des nuages de poudre noire. Sursaut de la foule qui mitraille aussi. Sous des tentes d'époque, Sang de boeuf, Beauminois, Mange Flamme et leurs compagnons, festoient comme de vrais marlous. C'est l'Écossais Petit pois qui régale. L'hypocrasse, mélange authentique de vin rouge, cannelle, eau de rose et clou de girofle coule à flot dans les chopes d'étain et les cornes. La ripaille avant la bataille ! Employé, routier, commerçant dans la vraie vie, « les grands enfants » de la « Piedtailhe », troupe d'évocation historique du Puy-en-Velay, se la joue « joyeuse bande armée » depuis cinq ans. Côtes de maille, gantelets, bourses de cuir et épées, autant d'accessoires pour jouer à la guerre. « On est là pour s'amuser et partager » confie leur chef Piquefeu, alias Raphaël, chef d'entreprise dans le textile. Un vrai sacerdoce sous la canicule. « J'peux plus bouger » lâche le figurant Montbloy, de « Compaings et commères » de Clermont-Ferrand. Pas moins d'une demi-heure d'efforts et de sueur pour s'harnacher de son armure « achetée chez les Tchèques ». Les gueux, en short et casquette, en rient encore.

Gaëlle Arama

Monaco-Matin