Discussion avec une photographe d'animaux sauvages. Je découvre qu'ils sont remarquablement dangereux. Quelle que soit l'espèce concernée. Le risque (mortel), c'est de croire qu'on les comprend, et, encore pire, de projeter sur eux nos modèles de pensée ("il m'aime bien"). Il faut être, en permanence, sur le qui-vive. Effet surprenant, ceux qui vivent avec les animaux sauvages développent une forme de mimétisme. Ils apprennent à penser comme eux.
Nous nous sommes rendu compte que cette attitude pourrait rendre de grands services à l'humanité. Notre erreur est de croire que l'on comprend l'autre homme, parce qu'il parle notre langue, ou qu'il nous ressemble. Du coup, nous projetons sur lui des préjugés, dont les conséquences finissent par nous exploser à la figure.
Nouvelle attitude : je ne comprends pas l'autre, il est remarquablement dangereux, mais, aussi, il est intéressant. Conséquence ? Je ne sais plus rien. Je suis sur le qui vive. Je ne le quitte pas des yeux. J'ai à la fois peur, et je suis fasciné. Et, si j'ai un peu de chance, au bout d'un moment, je vais commencer à comprendre "quelque chose", à percevoir chez l'autre une logique que je ne soupçonnais pas. Si je pousse encore plus loin, son attitude vis-à-vis de moi va se transformer. C'est à ce moment que notre photographe prend sa photo !