Quatrième de couverture :
Gurb a disparu dans Barcelone, dissimulé sous les traits de Madonna. Précision : Gurb est un extraterrestre. Parti à sa recherche sous une apparence moins voyante, son coéquipier tient scrupuleusement le journal de ses observations. Une satire délirante et désopilante de notre monde moderne.
J’ai lu ce petit livre (et découvert Eduardo Mendoza) pour le travailler avec des élèves dans le cadre d’un projet « Diversité culturelle ».
Ici c’st plutôt de « clash culturel » qu’il faudrait parler puisque Gurb et le narrateur (qui est le responsable de la mission des deux extra-terrestres et se faisait volontiers servir par Gurb), Gurb et le narrateur donc ont des pouvoirs particuliers qui leur permettent – croient-ils – de se fondre dans la population barcelonaise. Mais voilà, Gurb s’est « déguisé » en Madonna… pas étonnant qu’il ne donne plus aucune nouvelle à son acolyte. Celui-ci, dont nous ne connaîtrons jamais le nom – part à la recherche de Gurb en se travestissant successivement en matador célèbre, en Gary Cooper, en Pie XII voire en Luciano Pavarotti pour n’en citer que quelques-uns. Outre les mésaventures (implicites) liées à ses différentes apparences, il doit aussi se confronter à ce qui fait la condition humaine : manger, boire, se loger, ouvrir un compte, trouver la personne avec qui vivre en couple… Tout cela est raconté de façon assez simple, en chapitres fractionnés de courts paragraphes en général. Le comique de situation, de répétition, de langage, de gestes, l’absurde sont largement utilisés par l’auteur et prêtent plus ou moins à sourire. On est sans doute loin de la satire désopilante annoncée par la quatrième de couverture mais le roman, un conte philosophique moderne, est intéressant. Et puis cette couverture à la Keith Haring est bien choisie, non ?
« 20 h. 00 J’ai tant marché que mes chaussures fument. J’ai perdu un talon, ce qui me force à un déhanchement aussi ridicule que fatigant. J’enlève mes chaussures, j’entre dans un magasin et, avec l’argent qu’il me reste du restaurant, j’achète une paire de chaussures neuves moins pratiques que les précédentes, mais fabriquées dans un matériau très résistant. Equipé de ces nouvelles chaussures appelées skis, j’entreprends de parcourir le quartier de Pedralbes. »
« 20 h 42 Par la faute de ma foutue radioactivité, la foudre me tombe dessus à trois reprises. Elle fait fondre la boucle de ma ceinture et la fermeture à glissière de ma braguette. Elle hérisse tous mes poils et mes cheveux, et je n’arrive pas à les ramener à leur état antérieur : je ressemble à un porc-épic. »
Eduardo MENDOZA, Sans nouvelles de Gurb, traduit de l’espagnol par François Maspero, Points, 2013 (Seuil, 1994)