Maintes fois repoussée en raison de la crise sanitaire, la sortie du remake live de Mulan, célèbre dessin animé Disney, n’a finalement pas eu lieu en salles, comme les spectateurs étaient en droit de l’attendre, mais sur la plateforme de streaming de la firme aux grandes oreilles. Un choix pour le moins discutable tant le film avait des arguments pour se vivre sur grand écran. Indépendamment de son scénario, où réside la plupart des défauts, le long-métrage dispose effectivement d’une direction artistique sublime. Si on pourra légitimement reprocher l’aspect un peu lisse des costumes, l’ensemble des éléments visuels demeurent néanmoins extrêmement soignés. On appréciera notamment le travail minutieux effectué sur les lumières et les décors. Autant de facteurs qui contribuent indéniablement à la beauté des plans, à l’image par exemple de cette première bataille au pied des montagnes. Même ressenti pour la mise en scène de Niki Caro qui, si elle ne révolutionne certainement pas le genre, propose tout de même des scènes d’action prenantes, offrant à son héroïne des séquences chorégraphiées aussi fluides qu’élégantes.
Aussi exaltant soit-il sur le plan formel, le film peine toutefois à convaincre sur le fond. Malgré une histoire générale qui a fait ses preuves par le passé, beaucoup d’éléments de ce remake semblent en effet expédiés, ou mal amenés, la faute à un traitement bien trop balisé. Plutôt que de développer en profondeur certains aspects notoires du récit (le Chi, la condition de femme…), le long-métrage préfère au contraire aligner de manière extrêmement prévisible toutes les étapes attendues de ce genre d’évolution narrative. Il en découle dès lors un divertissement plutôt inégal, ne devant son salut qu’aux séquences d’action prenantes qui le parsèment. En outre, aux côtés de Mulan, incarnée de manière tout à fait convaincante par Liu Yifei, l’ensemble des protagonistes souffrent d’un manque cruel d’épaisseur. Non seulement la plupart ne sont pas assez développés, la sorcière interprétée par Gong Li notamment, mais ils ont aussi parfois des comportements complètement incohérents d’une scène à l’autre. Enfin, Disney oblige, la violence à l’écran est à nouveau très édulcorée, atténuant de ce fait la puissance des enjeux.Malgré sa direction artistique sublime, Mulan est donc un divertissement familial beaucoup trop inégal sur le fond que pour totalement convaincre. Handicapé par un scénario prévisible et manquant de profondeur, le film se distingue néanmoins à travers ses scènes d’action prenantes et superbement chorégraphiées. De quoi tout de même regretter de n’avoir pu profiter du spectacle sur grand écran.